Eglises d'Asie

L’archevêque de Bombay interdit aux prêtres catholiques de rite latin de fréquenter les centres de retraite syro-malabars

Publié le 18/03/2010




Les problèmes de chevauchement de territoires continuent d’empoisonner la vie de quelques diocèses catholiques de l’ouest de l’Inde, plus de dix ans après la création d’un diocèse de rite oriental à l’intérieur de la région de rite latin (1). La dernière en date des querelles oppose l’archidiocèse latin de Bombay au diocèse syro-malabar de Kalyan, créé en mai 1988 par Jean Paul II, seul diocèse à partager son territoire avec des diocèses de rite latin (Bombay, Pune et Nashik), en dehors du Kerala, patrie du rite syro-malabar au sud de l’Inde. Le différend a cette fois-ci pour objet les catholiques de rite latin qui, en grand nombre, vont participer à des retraites charismatiques organisées en fin de semaine dans des centres syro-malabars. La diminution de l’assistance dominicale dans les paroisses latines qui en est résultée a conduit l’archevêque de Bombay, Mgr Ivan Dias, à publier une lettre circulaire, le 17 février dernier, interdisant à ses prêtres de présider des offices dans les centres syro-malabars. La lettre défendait également aux prêtres syro-malabars d’accomplir un ministère spirituel en dehors de leurs propres centres. La circulaire visait en fait à réduire l’activité des prêtres de Vincent de Paul, société de prêtres de rite syro-malabar, qui animent un large mouvement charismatique à l’intérieur du diocèse de Kalyan.

Ces prêtres, pionniers du très populaire mouvement charismatique au Kerala, ont créé le centre de retraites du Tabor, il y a quelques années, dans le diocèse de Kalyan, à quelque cinquante kilomètres de Bombay. Le centre qui, en temps ordinaire, attire environ 5 000 participants lors des retraites hebdomadaires, en accueille plus de 20 000 lorsque la retraite est animée par un prédicateur renommé. Plus de la moitié des retraitants appartiennent au diocèse latin de Bombay.

L’évêque syro-malabar de Kalyan, Mgr Elavanal, qui dit comprendre l’inquiétude éprouvée par l’archevêque de Bombay devant la baisse de fréquentation de ses églises, se montre cependant sceptique quant aux résultats qui seront obtenus par l’interdiction

portée par l’évêque de rite latin. Ces centres, a-t-il fait remarquer, ont été primitivement créés pour les chrétiens syromalabars, mais les autres y sont ensuite venus. Ce ne sont pas les évêques qui vont les empêcher de s’y rendreIl a également souligné que ce sont les paroisses du diocèse latin de Bombay qui invitent les prêtres de Vincent de Paul pour des retraites. Désormais, ces derniers ne répondront plus à ces invitations.

Prêtres et laïcs du diocèse latin de Bombay s’interrogent sur les raisons de la popularité du mouvement charismatique dirigé par les prêtres syro-malabars, popularité d’autant plus étonnante qu’il existe quelque 110 autres groupes charismatiques dans le diocèse, qui sont loin de jouir d’un tel rayonnement. Certains attribuent l’actuel dynamisme du mouvement à l’attirance naturelle de la population pour les guérisons et les miracles qui y seraient pratiqués. D’autres y voient un effet de la “sainteté” des prêtres qui l’animent. Pour d’autres encore, les pratiques conservatrices, voile sur la tête, communion dans la bouche, plaisent à ceux qui viennent participer à ces retraites. Beaucoup enfin sont d’accord pour penser que l’atmosphère spirituelle qui règne dans ces centres syro-malabars aide les catholiques latins comme syro-malabars à affronter plus aisément les problèmes de la vie quotidienne.