Eglises d'Asie

Les résultats réels de négociations entre le Saint-Siège et le gouvernement vietnamien

Publié le 18/03/2010




Un rapport publié par la revue vietnamienne Muc Vu a recueilli, de sources romaines, tout ce qui peut être révélé aujourd’hui du contenu des négociations entre le Saint-Siège et le gouvernement vietnamien, négociations qui ont eu lieu au cours de la visite accomplie au Vietnam du 15 au 19 mars 1999 (7). Ce texte fait le point avec une grande précision sur les résultats acquis durant les discussions. Il fait apparaître que l’accent mis dans les divers communiqués de presse sur les perspectives d’une visite du pape au Vietnam et des relations diplomatiques qui devraient les précéder est quelque peu trompeur et a contribué à camoufler le travail accompli dans des domaines plus pratiques et en particulier sur la nomination des évêques.

Il apparaît en particulier qu’en ce domaine, en plus des discussions portant sur des personnes, dont les noms ne peuvent être encore divulgués, les négociateurs romains et vietnamiens ont discuté sur les principes mêmes mis en oeuvre au cours du choix des candidats à l’épiscopat que Rome ne peut nommer que lorsqu’elle a l’assurance qu’ils sont acceptés par les autorités civiles vietnamiennes. La délégation du Saint-Siège a, semble-t-il, a souligné la liberté qui devrait être celle du Souverain Pontife de choisir lui-même les évêques ainsi que le caractère extraordinaire et provisoire de la procédure mise en place au Vietnam, qui n’existe pratiquement pas ailleurs. Cette doléance du Saint-Siège n’a semble-t-il pas été prise en compte par les représentants du gouvernement vietnamien, qui, cette fois encore, ont largement utilisé le droit de regard qui leur a été donné sur la nomination des évêques.

La délégation s’est souciée également de la participation des évêques du lieu à ce choix des candidats à l’épiscopat, candidats qui doivent être relativement nombreux puisque il faut envisager que certains d’entre eux seront refusés par le gouvernement. La délégation a donc interrogé les évêques vietnamiens rencontrés à Hanoi pour savoir s’il fallait nommer, avec la permission du gouvernement, un évêque spécialement chargé d’envisager les candidats et de recueillir des informations à leur sujet à l’intention du Saint-Siège. Cette proposition n’a pas reçu l’accord des évêque vietnamiens qui ont pensé que chacun des ordinaires pouvait faire cette enquête dans son propre diocèse sans qu’il soit nécessaire d’en désigner un spécialement chargé de cette fonction.

Ainsi, au fur et à mesure que se multiplient les négociations, apparaissent de plus en plus les avantages et les inconvénients de la procédure de choix des évêques mise en place au Vietnam depuis une dizaine d’années. Son principal intérêt est d’avoir réussi à débloquer une situation apparemment inextricable. Les inconvénients sont eux aussi très visibles. Non seulement la procédure rend extrêmement apparentes les diverses démarches qui précèdent la nomination, connues très souvent du public par des fuites inévitables, mais elle “consomme” une grande quantité de candidats, principaux et suppléants, qui une fois refusés pour un lieu par le gouvernement risquent de ne pouvoir jamais être nommés ailleurs.

Le rapport laisse entendre que ces discussions sur les candidats à l’épiscopat avaient été minutieusement préparées au cours de l’année précédente puisque, lors de l’arrivée de la délégation à Hanoi, le bureau des Affaires religieuses avait en main sept propositions présentées par le Saint-Siège pour sept diocèses. Une seule d’entre elles a été acceptée sans réserve. Elle concerne le candidat au diocèse de My Tho. Pour que cette candidature acceptée par le gouvernement devienne une nomination effective, il faudra encore qu’elle soit présentée au Souverain Pontife, que l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville en soit informé, qu’il convoque le candidat pour lui demander son avis et enfin que ce dernier accepte. Alors seulement sera publiée officiellement sa nomination.

Deux propositions avaient été faites par le Saint-Siège, concernant le diocèse de Bui Chu où Mgr Vu Duy Nhât est très âgé (88 ans) et le diocèse de Da Nang, où l’évêque âgé de 75 ans est depuis longtemps malade. Elles ont été catégoriquement refusées par le gouvernement ; mais il semble que la délégation ait aussitôt présenté de nouveaux noms sur lesquels le gouvernement pourrait donner son avis en même temps que sur les quatre autres propositions qui, selon la promesse du bureau des Affaires religieuses, devraient recevoir la réponse du gouvernement avant le mois d’avril. Le Saint-Siège a, en effet, également soumis à l’approbation du gouvernement, un archevêque coadjuteur pour Hanoi où le cardinal comme son auxiliaire atteignent déjà un certain âge, un évêque coadjuteur pour Long Xuyên où Mgr Bui Tuân est évêque principal depuis quelque temps, un évêque coadjuteur pour Quy Nhon et enfin, un évêque pour Lang Son, diocèse particulièrement difficile (8).

La visite du pape est aujourd’hui rejetée à une date ultérieure qui se situe d’emblée après l’établissement des relations diplomatiques. De celles-ci, de la volonté du gouvernement vietnamien de les mettre en place, on ne sait pas grand chose pour le moment. Nous ne sommes pas encore dans la période des préparatifs puisque les deux parties doivent encore se mettre d’accord sur des principes qui leur permettront de progresser vers leur établissement. Les deux parties les envisagent dans un avenir lointain. La délégation romaine a cité l’exemple des débats ayant précédé la création de relations diplomatiques avec Israël qui ont duré quatre ans. Du côté vietnamien, on a chargé M. Di Niên, le secrétaire aux Affaires étrangères, responsable des relations internationales, de s’occuper de cette affaire. Lors de son prochain voyage en Europe qui aura lieu en mai ou juin, il se rendra au Vatican. M. Di Nien est un fonctionnaire de haut rang généralement présent lors des réceptions des personnalités étrangères à Hanoi.