Eglises d'Asie

Un rapport du groupe américain “Human Rights Watch” dénonce les conditions de vie inhumaines des “intouchables” indiens

Publié le 18/03/2010




Plus de cent-soixante millions d'”intouchables” indiens vivent dans des conditions inhumaines et doivent faire face à une augmentation sensible de la discrimation, des violences, des viols et des meurtres à leur encontre, selon un rapport publié le 13 avril 1999 par un groupe américain de promotion des droits de l’homme, “Human Rights WatchLe groupe demande instamment au gouvernement indien d’empêcher par des mesures législatives vigoureuses l’oppression fondée sur l’appartenance de caste. Le groupe estime par ailleurs que l’abolition officielle de l’intouchabilité en 1950 n’a pas eu l’effet escompté.

Selon le rapport, l’apartheid masquéet “les violences de castedont souffrent les intouchables, habituellement appelés dalitsse sont intensifiés depuis le début des années 1990 au fur et à mesure que les dalits s’organisaient davantage pour défendre leurs droits. Entre 1994 et 1996, 98 349 cas ont été enregistrés par la police à travers l’Inde sous la qualification de “crimes et atrocités à l’encontre des dalitsajoute le même rapport. Selon “Human Rights Watch“, ces chiffres ne manifestent que la partie émergée de l’iceberg, car les dalits, souvent, ne veulent pas ou sont dans l’impossibilité de rapporter les crimes commis contre eux, du fait du manque de coopération de la police.

La publication du rapport de Human Rights Watchest destinée à coïncider avec l’anniversaire de la naissance de B.R. Ambedkar, intouchable qui fut le rédacteur de la constitution indienne et le premier leader d’envergure nationale à émerger de la communauté des intouchables indiens. Depuis lors, plusieurs personnalités d’envergure sont apparues chez les dalits. Le plus connu est sans doute l’actuel président de l’Union indienne, K.R. Narayanan qui restera dans l’histoire comme le premier chef d’Etat dalit de l’Inde.

En dépit de ces avancées, le rapport affirme que dans de très nombreuses régions du pays, la situation des dalits s’est considérablement dégradée. Une lumière crue est jetée particulièrement sur les activités criminelles d’une milice commanditée par des propriétaires terriens de haute caste dans l’Etat du Bihar. Le Ranvir Senacomme s’appelle la milice en question, est jugé responsable du massacre de plus de 400 villageois entre 1995 et 1999. En l’espace de trois semaines seulement, en janvier et février 1999, les membres du groupe ont assassiné 34 dalits au cours de deux attaques distinctes. Selon le rapport, le Ranvir Sena, qui revendique la présence de beaucoup d’hommes politiques parmi ses membres, opère dans une impunité totale. Dans quelques cas, les membres de la police se sont comportés en observateurs neutres alors que les miliciens tuaient des villageois. (En d’autres occasions), au cours des raids du Ranvir Sena, la police a molesté des villageois, violé des femmes et détruit des biensHuman Rights Watchajoute que les dalits sont encore obligés de vivre dans des villages séparés et qu’on leur refuse l’accès aux lieux publics, aux puits, aux temples, tout en les forçant à la prostitution et à l’esclavage.

Le groupe américain de promotion des droits de l’homme demande donc que le Ranvir Senasoit immédiatement dissous, que des sanctions plus dures soient prévues pour les crimes de caste, que les lois soient appliquées et qu’une campagne nationale de conscientisation soit lancée. Le rapport demande encore que l’Inde permette l’entrée dans le pays d’observateurs étrangers pour évaluer la situation et demande à la Banque mondiale comme aux autres organisations financières internationales d’accompagner leurs aides d’une clause interdisant formellement les discriminations de caste.

Smita Narula, auteur du rapport, estime par ailleurs que les instruments permettant un changement existent en Inde, mais ce qui manque c’est la volonté politique de s’en servirLe rapport estime aussi que quarante millions de personnes, dont quinze millions d’enfants, dalits pour la plupart, sont soumis au servage et travaillent dans des conditions proches de l’esclavage pour payer leurs dettes.