Eglises d'Asie

Aceh : les étudiants ont repris leurs manifestations pour l’indépendance et réclament la libération de leurs camarades arrêtés

Publié le 18/03/2010




Depuis le 18 avril, les manifestations indépendantistes ont repris dans la province d’Aceh au nord de Sumatra. Elles ont eu lieu, cette fois-ci, à Lhokseumawe, ville principale du district nord de la province. Résidents et étudiants sont descendus dans les rues après que les autorités eurent fait arracher des banderoles réclamant un référendum sur l’autonomie de cette province musulmane. Les manifestants ont brandi le drapeau rouge de l’indépendance, drapeau que l’on pouvait également voir accroché à beaucoup de fenêtres de la ville. Le lendemain, lundi, la police a arrêté 24 étudiants qui circulaient en convoi autour de la ville en agitant des drapeaux indépendantistes.

Le 20 avril, la tension et l’excitation ont atteint leur plus grande intensité. Une dizaine de milliers de jeunes gens sont entrés dans la ville en camionnettes et ont entamé une manifestation pour protester contre l’arrestation de leurs camarades, la veille. Ils se sont dirigés vers la direction générale de la police. Au moment où les protestataires s’approchaient du quartier général de la Sûreté, les policiers ont tiré pour disperser les manifestants. Trois victimes sont tombées sous les balles : un élève du secondaire, un petit garçon de huit ans et un policier. Par la suite, les forces de l’ordre ont procédé à 250 arrestations parmi les manifestants. Une cinquantaine de civils pris dans la foule ont également été emmenés dans les locaux de la police pour interrogatoire. Des témoins les ont vus sortir quelque temps plus tard, portant des ecchymoses au visage.

Le 22 avril, les parents de quelque 70 étudiants, sans nouvelles d’eux depuis leur arrestation de l’avant-veille, se sont présentés aux abords du parlement local pour demander de l’aide et des renseignements. Ils voulaient savoir avec précision si leurs enfants étaient arrêtés ou non. En cas de réponse affirmative, ils exigeaient que les mandats d’arrêt leur soient montrés et qu’ils puissent rencontrer leurs enfants.

Les précédentes manifestations avaient eu lieu à Bandar Aceh, la capitale provinciale, le 26 mars dernier, quelques heures à peine avant l’arrivée sur les lieux du président B.J. Habibie (7). L’armée avait ouvert le feu sur les étudiants massés devant la mosquée où le président devait prendre la parole, faisant une dizaine de blessés. Le président, dans son intervention, avait officiellement présenté ses excuses à la population de Aceh, pour les excès commis depuis une dizaine d’années par les forces de l’ordre et avait promis que des actions de justice seraient ouvertes contre les auteurs d’exactions. Cependant il avait écarté tout processus pouvant conduire à l’autonomie et à l’indépendance.

La chute de l’ancien président et l’arrivée du président Habibie ont donné un nouveau dynamisme aux partisans d’un Etat islamique indépendant, qui, depuis 1970, se battent au sein du mouvement “Aceh libre”. Le nouveau président qui vient de répéter, le 21 avril dernier, qu’il ne veut pas que l’on se souvienne de lui comme de celui qui a désintégré le pays, a pourtant essayé d’apporter un certain nombre d’apaisements à la population. Avant de venir lui-même présenter des excuses publiques à Aceh, il y avait envoyé huit ministres et libéré un certain nombre de détenus, partisans de l’indépendance.