Eglises d'Asie

Bihar : des paysans pauvres sont massacrés par des miliciens aux ordres des propriétaires terriens

Publié le 18/03/2010




Les récents massacres de paysans pauvres par les milices de gros propriétaires terriens qui ont eu lieu dans le district de Gaya de l’Etat du Bihar à l’est de l’Inde ont suscité l’inquiétude des pouvoirs publics, l’indignation des militants des droits de l’homme et la volonté de représailles de certaines forces politiques. Le gouverneur de l’Etat a ordonné aux policiers de mener une enquête à ce sujet tout en précisant que le moindre relâchement dans l’accomplissement de leurs devoirs entraînerait pour eux de sévères sanctions. La guérilla maoïste qui, depuis longtemps, mène la guerre contre les milices des “seigneurs de la terre” a promis que les récents assassinats seraient vengés. “Le sang des propriétaires terriens va couler”, a promis un représentant du Centre communiste maoïste à la télévision.

Le 21 avril, une centaine de mercenaires armés appartenant à la milice Ranvir Sena (5) ont pris d’assaut deux villages voisins du district de Gaya et se sont livrés à des massacres prémédités. Huit personnes sont mortes sur le coup tandis que quatre autres sont décédées lors de leur transport à l’hôpital. Parmi les victimes se trouvaient un adulte de 65 ans, trois femmes et un enfant de neuf mois. Certains observateurs affirment qu’il s’agissait là d’une action de représailles destinée à venger le meurtre de 35 villageois de haute caste, commis le mois dernier par des guérilleros maoïstes dans le district voisin de Jehanabad.

Ces exactions ont exacerbé la colère d’une part de la population de la province qui demande aujourd’hui la destitution du ministre-président de l’Etat du Bihar, accusé d’incompétence et de négligence. Un rapport de l’organisme américain “Human Rights Wacht” affirme même que l’échec de l’administration du Bihar à mettre un terme aux massacres relève d’une “négligence criminelle” (5). Dans un communiqué publié à New York, l’association humanitaire fait remarquer que pratiquement aucune mesure n’avait été prise pour protéger les villages visés et pour empêcher ces massacres pourtant annoncés à l’avance plusieurs fois par le Ranvir Sena. Celui-ci qui a pour adhérents un certain nombre de politiciens opère en toute impunité. Dans quelques cas, ajoute le communiqué, des policiers ont accompagné les miliciens pendant leurs attaques et se sont gardés d’intervenir tandis que les paysans étaient assassinés dans leurs maisons.

Entre 1990 et 1997, le Bihar, renommé pour la multiplication des violences en tout genre, avait connu déjà 22 massacres inter-castes qui avaient fait des centaines de morts. Beaucoup d’entre eux avaient eu lieu dans le district de Jehanabad où les guérilleros maoïstes ont organisé les paysans hindous de basse caste. Le “Ranvir Sena” est responsable de l’assassinat de 22 paysans de basse caste au mois de janvier et de 11 autres au mois de février 1999. En décembre 1997, il avait massacré 61 paysans sans terre. Dans le Bihar, les hindous de basse caste représentent 15 % des 110 millions d’habitants de l’Etat, mais ils ne sont propriétaires que de 6 % des terres cultivées. La plupart sont aux ordres de gros propriétaires terriens.