Eglises d'Asie

La décision du gouvernement indonésien d’organiser le référendum en août sous surpervision des Nations Unies provoque de nombreuses critiques

Publié le 18/03/2010




Le président indonésien B.J. Habibie a annoncé, le 27 avril, qu’un référendum sur l’autonomie dans l’Indonésie ou, éventuellement, l’indépendance de Timor Oriental aurait lieu le 8 août sous la supervision des Nations Unies. Cette décision a été prise à la suite d’une rencontre de M. Habibie avec le premier ministre australien, John Howard, sur l’île de Bali.

Selon le président indonésien, le référendum sera supervisé par une équipe internationale et des conseillers de six nations aideront la police à faire respecter la loi et l’ordre. Il s’est dit assuré que, de cette manière, les Timorais pourraient se déterminer sur l’avenir « dans l’honneur et la paixIl a ajouté : « Nous accepterons ce que les Timorais décident, que ce soit l’intégration ou la séparation

De leur côté, les forces armées indonésiennes, pourtant critiquées pour leur soutien des milices pro-indonésiennes (12), se rangent derrière le président Habibie : « Le mois prochain, les Nations Unies enverront des policiers pour assister la police indonésienne« , a déclaré le général Wiranto, commandant en chef de l’armée indonésienne.

Sur place pourtant, personne n’est totalement satisfait de la tournure des événements. Les indépendantistes qui disent être sûrs de sortir vainqueurs du référendum voudraient, avec beaucoup d’autres, qu’une véritable force d’interposition soit envoyée par les Nations Unies parce qu’ils craignent les violences des milices pro-indonésiennes et des manoeuvres en sous-main de certains secteurs de l’armée. « Nous n’avons pas seulement besoin de conseillers de police, nous avons besoin ici d’une véritable force d’interposition pour sauvegarder la paixa affirmé David Ximenes, porte-parole du Conseil national de la résistance (indépendantiste).

De leur côté, les milices pro-indonésiennes ont annoncé qu’elles continueraient leur combat pour l’autonomie du territoire au sein de l’Indonésie. L’un de leurs porte-parole, Florencio Viera, a déclaré : « Le référendum ne résoudra jamais le conflit de Timor Oriental. Notre choix c’est une autonomie plus grande au sein de l’Indonésie et c’est tout. Les Timorais sont aveugles en politique. Ils sont dans l’impossibilité de choisir. Si le référendum a lieu, les gagnants seront satisfaits et les perdants ne l’accepteront pas ».

D’autres observateurs critiquent la date choisie pour le référendum et estiment qu’elle est trop éloignée, ce qui accroît les dangers de toutes sortes dans le domaine de la sécurité. Un membre de la commission catholique « Justice et paix », qui désire garder l’anonymat, estime que la date du référendum devrait être avancée : « Si les Timorais doivent attendre jusqu’au 8 aôut pour voter, beaucoup de personnes pourront être tuées d’ici là. Des gens sont en train de mourir et sont sous la menace constante des milices qui les intimident quotidiennement et veulent les forcer à accepter l’intégration à l’Indonésie

De son côté, M. Hendardi, l’un des avocats indonésiens de Xanana Gusmao, leader des indépendantistes, estime lui aussi que la date choisie est trop lointaine : « Le choix de cette date renforce notre impression que des efforts sont faits pour retarder le vote afin que la politique indonésienne de mobilisation des masses soit mise en oeuvre et puisse faire croire que le peuple de Timor Oriental ne veut que l’autonomieSelon l’avocat, des groupes pro-indonésiens du territoire, aidés par les auxiliaires militaires du Kamra, augmentent la pression pour forcer les gens à accepter le plan d’autonomie.

De son côté, Aniceto Guterres, président de la Fondation pour les droits de l’homme et la justice, à Dili, pense que la date choisie par l’Indonésie est trop rapprochée. Il estime que beaucoup plus de temps serait nécessaire pour ramener la paix et amorcer un processus de réconciliation : « La démocratie est une chose, mais le peuple doit être libre de toute pression et adéquatement informé des options. Chacun doit aussi être préparé à accepter la victoire de l’autre et sa propre défaiteM. Guterres confirme par ailleurs les accusations de M. Hendardi concernant les milices pro-indonésiennes et selon lesquelles ces groupes ont commencé à faire du porte-à-porte pour forcer les gens à signer un document favorable à l’autonomie : « Cette après-midi même, j’ai reçu des rapports de fonctionnaires municipaux disant qu’on leur avait demandé de signer un document selon lequel ils acceptaient l’autonomie. Le projet d’autonomie n’est pas encore signé et personne ici n’a aucune idée de ce qu’il contient et pourtant on demande déjà aux gens de l’approuver ! »