Eglises d'Asie

Le nouveau maire nationaliste de Tôkyô entend bousculer les vieilles habitudes

Publié le 18/03/2010




Après s’en être pris à la Chine, avait attaqué le Etats Unis, ridiculisé les bureaucrates japonais et promis de bousculer les sacro-saintes habitudes, le nouveau maire élu de Tôkyô est entré en fonction vendredi 23 avril.

Shintaro Ishihara, romancier connu aussi pour son nationalisme, a été intronisé dans ses fonctions après une victoire facile sur tous ses rivaux, y compris ceux que soutenaient les partis traditionnels. “Je voudrais inaugurer à Tôkyô une nouvelle politique et construire une administration modèle” a-t-il déclaré aux 600 hauts fonctionnaires présents. Dehors, attendaient des centaines de supporters dont certains arboraient des drapeaux du “soleil levant”.

Il veut, dit-on, rompre avec une habitude vieille de 20 ans en répondant lui-même aux questions qui lui seront posées à l’Assemblée et ne pas se contenter de lire les réponses préparées d’avance par les bureaucrates. Demandant aux officiels de lui faire part de leur opinion sincère sur la question, il leur a dit: “Je ne renie pas mon tempérament belliqueux mais au moins, nous débattrons franchement de nos malentendus en toute amitié. Il serait bon, je crois, d’adresser ici un nouveau message au Japon et au monde, qui affirme en particulier que nous nous trouvons dans une époque de transition historique…Tôkyô devra dire résolument ce qu’elle pense”.

Un membre de l’Assemblée du conseil général a lancé un avertissement plutôt sombre dans le quotidien “Yomiuri Shimbun”Monsieur Ishihara se fourre lui-même dans les ennuisIshihara, en effet, est connu pour ses opinions tranchées, particulièrement à l’égard de la Chine qui a réagi violemment à ses remarques sur la question des droits de l’homme et sur sa préférence affichée pour Taiwan. Interrogé par le “Japan Times” sur les relations entre Pékin et Tôkyô, il avait répondu en effet: “Personnellement, ça m’est égal. Je n’aime ni n’approuve une nation sous dictature communiste”. Dans une autre interview donnée au quotidien “Mainichi Shimbun“, le sexagénaire au franc parler, après avoir exprimé son désir de le rencontrer, avait appelé le président de Taiwan, Lee Teng-hui, “cher amiLe très influent quotidien “Asahi Shimbun” écrivait dans son éditorial du vendredi 23 avril, “qu’en tant que maire de Tôkyô, il se devait de faire une visite à Pékin et d’avoir un échange ouvert avec les responsables chinois. Quoi qu’il puisse dire, il ne sera pas trés persuasif tant qu’il continuera à répéter qu’il ne veut pas rendre visite à la Chine. C’est son devoir de maire de Tôkyô de s’entretenir calmement avec son homologue chinois”. En 1990, Ishihara avait déclaré à un magazine nord-américain: “On dit que les troupes japonaises étaient engagées dans le massacre de Nankin, mais ce n’est pas vrai. C’est une affabulation chinoise”. On sait que les Chinois, quant à eux, font état de 300 000 morts dans ce massacre de 1937.

Ishihara s’est fait peu d’amis aux Etats-Unis durant sa campagne électorale dont la promesse-clé était la récupération de la base américaine de Yokota, la plus grande d’Asie. Le gouvernement japonais a déclaré ne pas vouloir prendre en compte cette proposition malgré l’insistance d’Ishihara à vouloir que cette base soit partagée entre l’armée américaine et l’aviation civile. Le maire de Tôkyô affirme que le retour partiel de cette base aérienne militaire de plus de 7 kilomètres carrés de superficie améliorerait les relation américano-japonaises. Le même Ishihara, il y a une dizaine d’années, avait indigné le Congrès américain avec son livre “Un Japon qui peut dire nondans lequel il traitait d’illusoire le bouclier militaire déployé autour de l’archipel et de racistes les critiques américaines du Japon.