Eglises d'Asie

Le rapporteur spécial des Nations Unies a fait une analyse minutieuse de la situation religieuse au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Malgré les efforts accomplis par la délégation vietnamienne à Genève pour faire oublier au rapporteur spécial des Nations Unies, M. Abdelfattah Amor, les incidents qui ont émaillé l’enquête sur l’intolérance religieuse qu’il a menée au Vietnam du 19 au 28 octobre 1998 (14), celui-ci n’a pas ménagé ses remontrances au gouvernement de Hanoi, lors de la présentation du rapport qu’il a lu devant la commission des droits de l’homme, le 12 avril 1999. On a pu entendre en particulier : “La législation vietnamienne, comme par exemple le code pénal, a besoin de changements appropriés pour la rendre conforme ou, du moins, analogue aux dispositions du droit international qui sont appliquées dans le domaine de la religion ou des croyances. Par ailleurs, il est nécessaire qu’il abandonne les limitations, les interdictions, les ingérences imposées aux communautés religieuses en contradiction avec la législation internationale en de nombreux domaines différents, comme ceux-ci parmi beaucoup d’autres : la liberté de gestion des activités religieuses, la formation, l’ordination et le déplacement des ecclésiastiques, ainsi que la construction et la réfection des lieux de culte, ou encore l’impression et la publication de livres religieux” (15).

Bien avant la lecture de son rapport d’enquête de 66 pages, dont 31 sont consacrées au Vietnam, le rapporteur spécial de l’ONU avait déjà fait connaître brièvement, dès son retour en Europe, ses premières remarques et impressions, assez défavorables, concernant son voyage et la situation des droits de l’homme au Vietnam. Le rapport récemment présenté à Genève était déjà connu depuis le milieu du mois de mars : de larges extraits en avaient été publiés par plusieurs agences de presse (16), qui avaient provoqué une violente réaction des autorités vietnamiennes dès le 18 mars 1999 (17).

Dans son introduction, après avoir énuméré les personnalités politiques rencontrées au cours de son voyage, le rapporteur a, de nouveau, fait état des obstacles qui ont entravé l’accomplissement de sa mission, obstacles déjà connus immédiatement après son voyage. Il n’a pu rencontrer le patriarche du bouddhisme unifié dans le Quang Tri, pas plus qu’il n’a pu s’entretenir à Saïgon avec Thich Quang Dô, Thich Tuê Sy et Thich Tri Siêu, pourtant récemment amnistiés à l’occasion de la fête nationale. Au camp de rééducation Z 30A à Xuân Lôc, il a été obligé d’interrompre son entretien avec des religieux bouddhistes qui y étaient détenus, à cause de la présence de gardiens. Par ailleurs, il n’a pu rencontrer trois religieux catholiques et un religieux bouddhiste, soi-disant inconnus dans ce camp, bien que de nombreuses sources aient assuré le rapporteur spécial de leur présence.

L’exposé qui suit est extrêmement détaillé et constitue, sans doute, une des meilleures analyses de la situation des religions au Vietnam, jamais écrite (18). Il est composé de quatre parties: la première analyse les dispositions législatives dans le domaine de la tolérance religieuse, la seconde traite de la politique suivie en ce domaine, la troisième expose la situation des diverses communautés religieuses au Vietnam, en utilisant des informations, rangées en fonction de leurs sources : le gouvernement vietnamien, la communauté religieuse elle-même, des sources non gouvernementales ; la quatrième partie tire les conclusions et fait entendre des recommandations.

La très minutieuse étude de la législation vietnamienne concernant la religion parcourt,

les uns après les autres, les textes fondamentaux en ce domaine : la Constitution, puis le décret fondamental 69/HDBT et le décret sur la détention administrative. Le rapporteur examine ensuite les principales directives édictées par le gouvernement pour finir avec le code pénal. Chaque article, chaque disposition témoignant d’un empiétement du pouvoir du Parti et de l’Etat sur la liberté de religion ou de conviction sont épinglés et critiqués. La même minutie marque l’analyse de la politique de contrôle des activités religieuses. Les divers instruments assurant ce contrôle sont décrits dans leurs fonction particulière au sein du sytème général.

Enfin, les informations contenues dans la troisième partie où sont décrites, dans leur rapport à l’Etat, les diverses communautés religieuse du Vietnam, le bouddhisme, le catholicisme, le caodaïsme, la religion Hoa Hao, le protestantisme et l’islam, forment ensemble un portrait exhaustif du Vietnam religieux en 1999. Les informations concernant le catholicisme sont visiblement extraites des requêtes envoyées chaque année au gouvernement par les évêques du Vietnam, passant en revue les diverses limites imposées par l’Etat à l’exercice de la liberté religieuse.