Eglises d'Asie

UN MESSAGE DU VATICAN AUX BOUDDHISTES A l’occasion de la fête du Vesak

Publié le 18/03/2010




Chrétiens et bouddhistes : pour une solidarité

renouvelée pour le bien de l’humanité

Chers amis boudhistes

1 – En tant que président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le bureau du Vatican pour les relations avec les autres traditions religieuses, je vous souhaite une bonne fête de Vesak. Comme les années précédentes, j’aimerais saisir cette occasion pour partager avec vous quelques idées, particulièrement au moment où nous, chrétiens, nous préparons à célébrer le grand jubilé de l’an 2000. A cette occasion du deux-millième anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, fils de Dieu fait homme, notre Seigneur et notre Sauveur, nous vous invitons à partager notre joie. L’Eglise catholique saisit aussi cette opportunité de renouveler son amitié et son engagement au dialogue avec les diverses traditions religieuses du monde, afin que, travaillant ensemble pour le bien de l’humanité, nous puissions tous faire l’expérience d’une plus grande purification et conversion du coeur. Pour nous, chrétiens, cette conversion du coeur signifie ouverture à l’action de Dieu en nous. En dépit des différences qui existent entre le dharma bouddhiste et la foi chrétienne, il y a beaucoup de possibilités et un grand potentiel de dialogue, et les résultats déjà acquis ne sont pas négligeables.

2- Notre monde peut légitimement s’enorgueillir de beaucoup de succès scientifiques, technologiques, et particulièrement de progrès dans la médecine au service de la vie humaine, d’une plus grande conscience de notre responsabilité vis-à-vis de l’environnement, des efforts pour restaurer la paix et la justice partout où elles sont violées, d’un désir de réconciliation et de solidarité entre peuples différents, particulièrement au sein des relations complexes entre le Nord et le Sud (cf. le pape Jean-Paul II, “Tertio Millennio Adveniente46).

3- Mais notre monde est aussi marqué par de nombreuses, douloureuses et alarmantes conditions qui sont souvent les résultats de notre égoïsme et de notre convoitise, à nous humains. La négation de normes morales objectives de bien et de mal, la décadence morale, l’érosion des valeurs familiales, diverses formes d’injustice et d’exclusion, d’intolérance et de violence, de discrimination et de haine, fondées sur le sexe, la race, la religion etc. ne sont que quelques-unes des expressions, visibles dans nos sociétés et contraires aux enseignements de nos traditions respectives. Elles ternissent l’image même de la religion. En s’appuyant sur les relations amicales qui existent déjà entre nos deux traditions religieuses, au niveau mondial comme au niveau local, bouddhistes et chrétiens ne peuvent-ils pas coopérer plus étroitement et travailler dans la solidarité afin d’alléger le poids de ces problèmes ? J’ai la ferme conviction que c’est possible.

4- Je vous adresse ce message tout en reconnaissant que nous, chrétiens et bouddhistes, ne nous sommes pas toujours aimés et respectés selon les commandements de nos traditions respectives. Tout en considérant qu’il est important de faire connaître et de tirer des raisons d’encouragement des nombreuses situations où chrétiens et bouddhistes vivent paisiblement ensemble et portent des fruits, il est nécessaire de prendre de plus en plus conscience de nos responsabilités partagées dans le monde, afin qu’ensemble nous puissions nous embarquer dans le nouveau millénaire et offrir une espérance plus grande aux générations à venir.

5- En vous souhaitant, mes chers amis bouddhistes, l’abondance des bénédictions divines, je vous renouvelle l’expression de mon amitié et de mon estime.

Signé : cardinal Francis Arinze