Eglises d'Asie

Un prêtre catholique mène une manifestation pour exiger la vérité sur le massacre de Cheju en 1948

Publié le 18/03/2010




Le 8 avril, un prêtre catholique a pris la tête d’une manifestation d’une centaine de personnes à Séoul pour exiger du gouvernement sud-coréen la vérité sur le massacre de l’île de Cheju (4) en 1948, une compensation financière pour les victimes et une réhabilitation morale.

Le gouvernement et l’Assemblée nationale n’ont pas accordé beaucoup d’attention à ce massacre où 30 000 victimes ont perdu la vie il y a 51 ans, affirme la déclaration lue par le P. Simon Lim Moon-cheol, entouré de religieux et de membres du conseil provincial de Cheju qui se trouvaient parmi les manifestants, devant les locaux du parti au pouvoir, « le Congrès national pour une nouvelle politique ».

Dans leur manifeste, les protestataires ont demandé également le vote d’un décret spécial reconnaissant officiellement l’existence de ce massacre. « Plus de 50 ans se sont écoulés et la vérité n’a toujours pas été dévoilée. La révélation de la vérité et une compensation pour les victimes feraient prendre conscience à la population de la dignité de la vie humaine et des droits de l’homme », a affirmé le P. Lim, prêtre du diocèse de Cheju devant les journalistes, le 9 avril. Auparavant, une délégation de manifestants avait déjà rencontré Ludovicus Lee Bu-yong, chef du « Grand national Party », parti d’opposition, et d’autres sénateurs de Cheju pour leur demander de former un comité de soutien en faveur de leur demande.

Par ailleurs, quelque 250 catholiques, protestants et bouddhistes de Cheju se sont rassemblés dans l’église de Somun pour demander le vote de ce décret. Dans leur résolution, ils dénoncent le président Kim Dae-jung comme n’ayant pas tenu sa promesse électorale de révéler la vérité. Ils demandent également que les Etats-Unis prennent leur part de responsabilité et présentent leurs excuses aux habitants de Cheju.

Le massacre de Cheju avait commencé le 3 avril 1948 et continué toute une année, conduit par les troupes sud-coréennes et la police, sous la responsabilité d’un organisme dirigé par un général américain. Un rapport de l’Institut de recherche sur le massacre de Cheju du 3 avril parle de maisons incendiées, de meurtres par noyades et de gens acculés à tuer leur propre famille. Le nombre de morts est estimé entre 30 000 et 80 000, y compris femmes et enfants, dont la famille ou le village étaient soupçonnés de sympathies communistes ou gauchistes.

La plupart des habitants insistent pour dire qu’un dixième au moins de la population de l’île a été tué à ce moment-là. « Personne ne sait combien de gens sont morts pendant cette période. Mais presque tous les gens de Cheju ont au moins un parent parmi les victimesrapporte le P. Lim. Après la deuxième guerre mondiale, les troupes américaines et soviétiques avaient occupé respectivement le sud et le nord de la péninsule coréenne. Des gens de Cheju avaient organisé une guérilla pour s’opposer aux élections prévues en mai 1948 dans le sud de la Corée, élections qui devaient aboutir à l’établissement de l’Etat de Corée du Sud.