Eglises d'Asie – Inde
Les chrétiens de Mysore mettent fin à une campagne d’affichage anti-chrétienne
Publié le 18/03/2010
Le 18 mars, au cours des fêtes du nouvel an, les affiches avaient fait leur apparition dans plus de vingt grandes rues de cette ville touristique de l’Etat du Karnataka. La plus agressive d’entre elles représentait un prêtre en soutane avec une tête de chacal. Au dessous de l’image, la légende précisait : “Les prêtres pillent nos ressources et nous dégradent culturellement”. Chacune des affiches mettait en garde contre les conversions au christianisme et ridiculisait les missionnaires représentés comme des bandits.
Un membre de l’Assemblée législative de l’Etat, G. Madhusoodhan, qui est aussi adhérent du Parti pro-hindou, le BJP, a revendiqué la responsabilité de cette campagne d’affichage et s’en est justifié. Il avait l’intention, a-t-il affirmé, de porter à la connaissance du public l’appel lancé par le premier ministre, Atal Behari Vajapayee, à un grand débat national sur le problème des conversions, appel lancé au début de l’année après les attaques hindoues contre les chrétiens. Selon ses propres déclarations, il se serait contenté de se faire l’écho des dirigeants et des grandes personnalités du pays. L’une des phrases que l’on a pu lire sur une des affiches, “Les missionnaires qui entrent dans le pays veulent nous diviseraurait, selon lui, le Mahatma Gandhi pour auteur. Une autre phrase citée dans les affiches est attribuée à l’un des artisans de la renaissance de l’hindouisme à la fin du 19ème, Vivekananda, disciple et continuateur de Ramakrishna. Il aurait dit: “Lorsqu’un hindou se convertit, il retranche une personne de la communauté hindoue et en ajoute une aux ennemis de l’hindouisme dans le paysG. Madhusoodhan a même voulu ramener à sa cause B.R. Ambedkar, défenseur des dalits, décédé en 1956 après avoir entraîné des milliers de dalits à se convertir au bouddhisme avec lui (2). Celui-ci aurait dit que toute conversion à une religion étrangère était un danger pour l’Inde.
Malgré les protestations de l’initiateur de cette campagne d’affichage affirmant n’avoir falsifié aucune des phrases citées, un membre du comité mis en place par l’évêque du lieu pour lutter contre cette campagne d’affichage a fait remarquer que l’authenticité de toutes ces citations était discutable et que, de plus, il y aurait lieu d’étudier le contexte dans lequel elles avaient été prononcées.
Les membres du Comité ont également relevé que les affiches ont été placardées en ville deux jours seulement avant une visite à Mysore du ministre de l’Intérieur, L.K. Advani. Cette coïncidence montrait bien, selon eux, que les auteurs de la campagne anti-chrétienne pensaient jouir d’un puissant patronage et pouvoir agir en toute impunité. Par ailleurs, le même comité a noté que la guerre des affiches a été déclenchée à Mysore, ville jusqu’ici épargnée par les attaques des fondamentalistes, après que le Collège Philomène eut refusé d’embaucher un enseignant présenté par un groupe hindou. Des rumeurs ont ensuite couru en ville selon lesquelles il aurait été demandé au candidat de se convertir pour obtenir le poste. L’évêque de Mysore a aussitôt souligné, que durant les 53 ans d’histoire du Collège, il n’y avait jamais eu une seule conversion sur la base d’une admission ou d’une nomination.