Eglises d'Asie

Nagoya : découverte de mystérieux ossements humains appartenant peut-être à un ancien cimetière de “chrétiens cachés”

Publié le 18/03/2010




Des ossements humains ont été découverts par des terrassiers dans un tunnel en construction près de Nagoya. Il pourrait s’agir des restes de “chrétiens cachés” morts durant la dernière grande persécution des chrétiens au Japon aux environs des années 1870. Ces restes ont été trouvés au Mont Utatsu, dans le département d’Ishikawa, sur le territoire du diocèse de Nagoya.

D’après un article du “Japan Times” du 20 avril, un catholique de la région de Kanazawa pense qu’il s’agit des restes de “Kakure Chrishtan” (chrétiens cachés) déportés de la région d’Urakami (Nagasaki) à Kanazawa aux environs des années 1870. Ce catholique affirme avoir connu un homme âgé qui habitait près du Mont Utatsu et se souvenait avoir entendu son grand-père lui raconter avoir vu un cortège de chrétiens en vêtements blancs procéder à des funérailles dans cette région. D’après un rapport de la commission locale de l’Education qui a examiné la découverte, le site contient les restes de près de 40 personnes qui, au moment de leur mort, étaient âgées de 5 à 60 ans ou plus. La position des ossements trouvés dans des coffres de bois indiquent que les corps y avaient été placés en position accroupie, selon les rites funéraires de l’époque. Shuhei Yujiri, un responsable de la commission, a indiqué que les corps avaient été enterrés au milieu d’un bosquet de bambous comme pour les cacher aux yeux du public. Suite à de nouvelles recherches, la même commission a précisé que les restes avaient été probablement inhumés soit vers la fin de l’époque Edo qui se termina en 1867, soit au début de l’époque Meiji qui suivit.

L’Encyclopédie Catholique du Japon écrit que le gouvernement de Meiji, en 1870, avait fait arrêter et déporter 3 700 chrétiens des environs d’Urakami dont beaucoup étaient morts de faim ou de mauvais traitements. Ces chrétiens avaient été dispersés dans différents fiefs seigneuriaux à travers tout le pays dans l’espoir de les voir abandonner leur foi chrétienne. Parmi eux, 516 furent déportés sur les terres du seigneur de Kanazawa, département d’Ishikawa actuel où, d’après les témoignages, ils furent moins maltraités qu’ailleurs. Hiroshi Motoyasu, le conservateur du Museum d’histoire du département d’Ishikawa a indiqué qu’un prêtre bouddhiste avait tenté de les convertir au bouddhisme mais que seul un petit nombre l’avait suivi. En 1873, sous la pression des occidentaux, le gouvernement leva l’interdiction de la religion chrétienne au Japon. 460 rescapés seulement purent revenir à Urakami.

Cette persécution de 1870 est survenue après la découverte des premiers chrétiens cachés en 1865 par un prêtre de Nagasaki. Il s’agissait de Japonais convertis qui avaient adhéré secrètement à la foi chrétienne et qui l’avaient conservée pendant plus de 200 ans de persécution et d’isolement, sans contact aucun avec l’Eglise universelle. Plus de 15 000 de ces chrétiens cachés furent retrouvés au Kyushu, dans le sud du Japon aux îles nombreuses et où se situe Nagasaki. Le dernier missionnaires arrivé à cette époque avait été exécuté peu après son arrivée au Japon, en 1640. Après lui, jusqu’en 1859, aucun prêtre n’avait obtenu l’autorisation de résider dans le pays.