Eglises d'Asie

Vellore : 3 000 catholiques dalits menacent de se convertir à l’hindouisme

Publié le 18/03/2010




Les dirigeants dalits de la paroisse catholique de Ste Anne, à Pathiavaram, dans le diocèse de Vellore, dans l’Etat du Tamil Nadu, viennent d’avertir les autorités religieuses que quelque 3 000 paroissiens dalits se convertiraient à l’hindouisme si l’Eglise échouait à les protéger contre l’oppression des hautes castes. Cette menace a fait les gros titres de la presse nationale et déjà des groupes hindous fondamentalistes ont offert protection et avantages aux dalits chrétiens qui ont fixé la date de leur éventuelle conversion au 16 mai. Cependant, cette menace n’est pas prise au sérieux par les dirigeants d’Eglise qui l’ont replacée dans le cadre de la tentative actuelle des nationalistes hindous pour faire revenir à l’hindouisme les chrétiens des minorités ethniques et des basses castes.

Les porte-parole des dalits chrétiens de cette paroisse, dont deux se sont rasé la tête en signe de renoncement à la foi chrétienne, ont affirmé que les paroissiens de basse caste “sont fatigués du christianismereligion qui était supposée les libérer de l’oppression de caste et qui, en fait, s’est comportée d’une toute autre façon à leur égard. Les protestataires se sont plaint de l’autoritarisme de Mgr Malayappan Chinappa, évêque de Vellore, et des frères du Sacré-Coeur qui tiennent l’école secondaire de la paroisse. Ces derniers qui opprimeraient les dalits depuis 25 ans ont même été priés de quitter la paroisse immédiatement. Une longue liste de griefs contre les religieux a été relevée. Lors de leur arrivée en 1972, ils auraient promis de se mettre au service des dalits de la paroisse. En réalité, ils auraient empêché leur promotion, ne permettant pas à leurs enfants de parvenir jusqu’à la classe terminale de l’école, afin de mieux les maintenir dans leur état de dépendance, et leur condition d’ouvriers agricoles et d’éboueurs.

Le directeur de l’école, le frère Swaminanthan, a rejeté ces accusations. Il a, en particulier, fait remarquer que l’école ne pouvait assurer la promotion d’un élève pour la seule raison qu’il était de la région et appartenait à une basse caste. L’école, qui est la meilleure du district, est obligée d’obéir aux réglementations gouvernementales. Il a, en outre, souligné que les religieux comptaient bien continuer à assurer la direction de cette école. Interrogé sur une éventuelle conversion à l’hindouisme des paroissiens de Ste Anne, il s’est contenté de répondre que c’était leur droit le plus strict. Cependant, l’évêque du lieu, Mgr Chinappa, qui est lui-même d’origine dalit, ne pense pas que les protestataires pourront réaliser leur menace de conversion. Il s’est dit convaincu que les protestataires ne deviendraient jamais hindous. Ils ne seront jamais acceptés par la communauté hindoue à cause de leur réputation bien connue de fauteurs de troubles. Il pense aussi que les allégations contre les religieux sont sans fondements sérieux, mais que ceux-ci pourraient cependant améliorer leurs relations humaines, ce qui rendrait la population plus coopérative. L’évêque a souligné que 86 % des 130 000 catholiques de Vellore étaient dalits et que tous les programmes mis en oeuvre dans le diocèse visaient à leur développement.