Eglises d'Asie

Hanoi : La police interrompt une réunion biblique et arrête un pasteur protestant

Publié le 18/03/2010




Selon des sources proches de l’Eglise évangélique au Vietnam, dans l’après-midi du 7 mai, les forces de sécurité ont fait irruption dans les locaux d’un hôtel de Hanoi où se tenait une session biblique de trois jours sous le patronage des “Assemblées de l’Eglise de Dieu”. Une vingtaine de personnes participaient à cette sorte de retraite spirituelle, qui en était à son deuxième jour lors de l’intervention de la police. Les 14 femmes et 6 hommes qui composaient l’assistance ont tous été arrêtés. 18 d’entre eux ont été relâchés deux jours plus tard après avoir été accusés de troubler la tranquillité publique. L’un des participants, le pasteur Lo Van Hen, a été ramené sous escorte policière chez lui, dans la région de Diên Biên Phu, à 500 km à l’ouest de Hanoi. Seul le pasteur Paul Trân Dinh Ai, personnalité de l’Eglise évangélique de Hô Chi Minh-Ville, bien connu pour son engagement au service des Eglises domestiques non officielles, a été maintenu en détention en un lieu non précisé, sans que l’on connaisse les charges précises retenues contre lui.

Interrogée à ce sujet le 20 mai dernier, la porte-parole de Affaires étrangères, Mme Phan Thuy Thanh, a déclaré que les services compétents questionnés par elle lui avaient répondu qu’aucune des personnes mentionnées, y compris le pasteur Ai, n’était en état d’arrestation. Elle n’a pas confirmé l’intervention policière du 7 mai, mais a fait remarquer que si elle avait eu lieu, c’était en conformité avec la loi.

Les membres du groupe biblique ont rédigé, à leur sortie de prison, un document écrit, semble-t-il, adressé au gouvernement. Ils y déclarent que la réunion qu’ils tenaient était pacifique et ne menaçait personne. Ils rapportent que la police a confisqué leurs livres religieux, les a soumis à des interrogatoires et a giflé une des femmes présentes. En conclusion, ils ont demandé aux autorités de les aider à réaliser leurs aspirations, à savoir vivre et pratiquer librement leur foi.

Un des amis du révérend Ai, qui a pu s’entretenir téléphoniquement avec lui par deux fois après son arrestation, a rapporté que le pasteur Ai, interrogé durant la journée, passait la nuit, depuis le 8 mai, dans un hôtel de la ville sous la surveillance de la police. Prévoyant une longue détention, il aurait sollicité l’aide des ambassades étrangères et des organisations internationales à Hanoi, leur demandant de trouver pour lui un pays d’asile afin de pouvoir quitter le pays avec sa femme et ses enfants. Il n’a pas spécifié le pays d’asile qu’il avait choisi, mais a fait allusion aux deux pasteurs qui, en 1991 selon ses dires (12), étaient partis pour les Etats-Unis après leur libération de prison où ils avaient été détenus six ans.

L’engagement du pasteur Tran Dinh Ai au service des Eglises domestiques de Hô Chi Minh-Ville et ses contacts avec les Eglises pentecôtistes à l’étranger (13), lui avaient valu une première arrestation le 27 février 1991. Condamné à une peine de trois ans de camp par mesure administrative et sans procès, il avait été transféré, à la fin de l’année 1991, depuis une prison de Hô Chi Minh-Ville dans un camp de travail de la province de Song Be. Il en avait été libéré le 6 avril 1993.

Le révérend Lo Van Hen, qui a été reconduit par la police vers la région proche de la frontière du Laos d’où il est originaire, est un pasteur évangélique, appartenant à la minorité ethnique des Thaïs noirs. Sa résidence actuelle n’est pas connue. Le 28 janvier dernier, il avait été libéré d’une prison où il avait été détenu pendant trois ans pour avoir mené des “activités religieuses illégales“.