Eglises d'Asie

Suwon : pour célébrer son centième anniversaire, une paroisse du diocèse veut ramener de Corée du Nord les restes de son fondateur

Publié le 18/03/2010




La paroisse de Kup’o-dong à Ansong, diocèse de Suwon, au sud de Séoul, vient de lancer une campagne de signatures afin d’obtenir l’autorisation de ramener de Corée du Nord les restes de son fondateur et premier curé. Celui-ci, le P. Antoine Dieudonné Gombert, des Missions Etrangères de Paris, est mort, à l’âge de 75 ans, au cours de la « marche de la mort » qui, en 1950, avait amené un certain nombre de prisonniers des communistes, de Séoul vers le nord du pays, dans des conditions épouvantables.

Le curé actuel d’Ansong, le P. Edouard Lee Sang-don, estime que la campagne qu’il a lancée devrait réunir un million de signatures avant la fin de l’année 1999. La pétition sera alors présentée aux deux gouvernements de Corée du Nord et de Corée du Sud. « Nous espérons que, de cette manière, les restes du P. Gombert pourront être rapatriés avant que la paroisse ne célèbre son centenaire en 2001affirme-t-il. Il ajoute que les paroissiens projettent d’enterrer le fondateur sur une colline appartenant à l’Eglise catholique sur le territoire de la paroisse. Ils ont aussi l’intention de produire pour l’occasion un film documentaire sur le prêtre français.

Originaire de l’Aveyron, Le P. Gombert était né à Gamboulazet en 1875. Il arriva en Corée en 1900. Dès l’année suivante, après avoir quelque peu étudié la langue, il était envoyé à Ansong (An-sieng) où il allait rester jusqu’en 1932. Il était le premier prêtre à être envoyé dans ce district. A cette époque-là, la Corée ne formait qu’un seul vicariat apostolique.

Son souvenir est resté attaché à plusieurs initiatives de développement agricole et à la protection qu’il offrit, en 1919, à beaucoup de Coréens menacés par l’armée japonaise, au moment du mouvement d’indépendance. C’est lui qui, le premier, planta la vigne dans le district qui est aujourd’hui célèbre pour son vin. Il avait amené les plants de France.

Le 16 juillet 1950, au début de la guerre de Corée, en compagnie de son jeune frère Julien, prêtre lui aussi, il avait été arrêté par les soldats communistes, et emmené vers le nord en même temps que beaucoup d’autres prêtres, religieux et religieuses. Il mourra d’épuisement et de maladie, le 12 novembre près de Chungangjin (Tchounkang), un village reculé de la frontière chinoise. On sait qu’il fut enterré sur place, mais sa tombe n’a pas été exactement localisée. Cette « marche de la mort » a été décrite dans un livre par l’un de ses rares survivants, le P. Célestin Coyos, des Missions Etrangères de Paris (2).

En même temps que la campagne de signatures, les paroissiens d’Ansong ont décidé d’observer un jour de jeûne tous les vendredis à partir du 19 août pour commémorer la mémoire du P. Gombert.

Selon l’Encyclopédie catholique coréenne, 150 membres du personnel de l’Eglise – cinq évêques, 82 prêtres, 34 religieuses, 25 frères, quatre séminaristes – et beaucoup de laïcs sont morts pendant la guerre de Corée, victimes des soldats communistes.