Eglises d'Asie

En choisissant de nouvelles orientations, les frères des Ecoles chrétiennes ont surmonté une grave crise d’identité

Publié le 18/03/2010




Depuis le changement de régime d’avril 1975, date où ont été fermés la plupart de leurs établissements d’enseignement, les frères des Ecoles chrétiennes ont été dans l’impossibilité de continuer leur mission sous son ancienne forme (19). Depuis, ils n’ont cessé de rechercher de nouvelles voies pour réaliser leur vocation au service de la jeunesse. Comme l’a fait remarquer l’un d’entre eux : “Depuis 1975, à chacun de nos chapitres, nous avons essayé de découvrir comment Dieu voulait que nous restions fidèles au charisme et à la vocation qui est la nôtre, à savoir, participer à la rédemption des enfants, plus particulièrement les plus pauvres et les plus défavorisés… C’est dans cette lumière que nous avons évalué nos activités passées et mis en place de nouvelles orientations pour mieux nous adapter aux réalités sociales

Avant 1975, les frères dirigeaient quelque 25 écoles dans tout le pays, depuis Huê au centre, jusqu’à Can Tho dans la région du delta du Mékong, écoles bien connues de tous sous le nom d’écoles “Lasan” (La Salle). Les frères tenaient aussi un institut de pédagogie “Tan Nhân“, dont une faculté dispensait un enseignement touchant la formation humaine et religieuse, destiné aux religieux et religieuses. Après 1975, toutes les écoles catholiques devinrent des écoles d’Etat. Dans les premières années, les frères continuèrent à enseigner dans leurs anciens établissements, mais dès 1978, ils furent considérés comme désormais non habilités à participer à l’éducation des enfants dans des écoles socialistes et invités à retourner dans leurs couvents, rapporte le frère Lucien Hoang Gia Quang, ancien supérieur provincial.

Commentant cette mesure, un autre frère a ajouté : Les événements de 1975 ont causé de grosses pertes au sein de notre congrégation et ont ouvert dans les esprits une grave crise d’identité concernant notre vocation d’éducateurLes frères se sont alors demandé si l’enseignement constituait l’objectif dernier de leur vie religieuse, question qui les a aidés à approfondir leur mission et à la perpétuer.

Seuls quelques membres de la congrégation, possédant les compétences requises furent retenus dans des postes officiels d’enseignement. Le frère Vital Nguyên Huu Quang continue aujourd’hui son enseignement à la faculté d’architecture de Hô Chi Minh-Ville. Il vient de compléter sa formation en obtenant un doctorat de mathématiques aux Philippines. Mais pour la plupart d’entre eux, les frères ont dû s’adapter à la situation. Certains enseignent le catéchisme dans les paroisses, d’autres contribuent à la formation des catéchistes, ou encore sont employés comme animateurs de la jeunesse en divers lieux. L’un d’entre eux, le frère Tran Van Ba est responsable d’un centre gouvernemental de formation professionnelle. Ce centre créé en 1990 et approuvé en 1992 forme 120 diplômés par an à l’issue de cours de mécanique, de menuiserie et charpente, ou encore d’informatique.

Depuis 1987, année où le gouvernement a adopté une politique plus ouverte, le recrutement a repris peu à peu. Cinq ou six aspirants entrent dans la congrégation chaque année permettant un renouvellement réel des effectifs. La plupart des jeunes sont envoyés d’abord servir dans des régions isolées. La congrégation des Frères des écoles chrétiennes compte aujourd’hui 84 membres au Vietnam, dont 54 ont prononcé leurs voeux perpétuels. Six travaillent dans la région d’Hô Chi Minh-Ville. Il existe des communautés de frères dans le Dông Nai, à Nha Trang, Dalat, Buon Ma Thuôt et Huê.

Après un premier essai en 1869, les frères des écoles chrétiennes sont revenus au Vietnam en 1889 et, dès 1896, le district de Saïgon était détaché du district des Indes pour devenir autonome. En 1951, pour la première fois, un supérieur vietnamien fut élu à la tête de la province du Vietnam.