Eglises d'Asie

La médiation de l’Eglise catholique apporte un espoir de règlement pacifique du conflit entre Timorais

Publié le 18/03/2010




Organisée par les deux évêques catholiques de Timor Oriental, une conférence réunit, depuis le 25 juin, à Jakarta, les représentants des factions politiques du territoire. C’est la deuxième conférence de ce type organisée par l’Eglise catholique. La première avait eu lieu à Dare, sur le territoire de Timor Oriental, en septembre 1998 (11). Les observateurs estiment que cette initiative de l’Eglise apporte un espoir réel de règlement pacifique du conflit qui déchire la population du territoire.

Cette fois-ci, la conférence a lieu avec la bénédiction du président indonésien, B.J. Habibie. Le choix de Jakarta a été fait pour permettre à “Xanana” Gusmao, chef de la résistance indépendantiste, en résidence surveillée dans la capitale indonésienne, de participer aux discussions. La réunion, qui doit se terminer le 30 juin, met donc en présence les principaux dirigeants politiques des partis indépendantistes et pro-indonésiens. Du côté indépendantiste on trouve entre autres, en plus de Xanana Gusmao, Jose Ramos-Horta, prix Nobel de la paix, représentant de la résistance à l’étranger, Mario Viegas Carrascalao, ancien gouverneur du territoire, Mari Alkatiri, Leandro Isaac, David Ximenes et Olandina Caiero Alves. Du côté pro-indonésien se trouvent Domingo Soares et Basilio Araujo, du Front pour la paix, la liberté et la démocratie, Francisco Xavier Lopes da Cruz, du Front populaire de Timor, le parlementaire Armindo Soares Mariano, le gouverneur actuel, Jose Osorio Abilio Soares, le commandants de milice Joao da Silva Tamares, et Florentino Sarmento qui représente la branche timoraise de la commission nationale indonésienne des droits de l’homme.

Cette négociation directe entre factions opposées est destinée, selon Mgr Belo, évêque de Dili, à élaborer un plan de paix durable pour le territoire et à s’assurer que toutes les parties accepteront le verdict du référendum populaire organisé au mois d’août prochain. Si le référendum est honnête, dit Jose Ramos-Horta, les indépendantistes l’accepteront quel qu’en soit le résultat : Je crois que, dans des conditions de liberté, la très grande majorité de la population votera en faveur de l’indépendance. Cependant, si une majorité simple se dégageait en faveur de l’intégration dans l’Indonésie, dans des conditions de liberté et sans coercition, je serais le premier à l’accepter publiquementDe son côté, M. Lopes da Cruz, dirigeant pro-indonésien, a condamné les actions des milices entraînées et payées par l’armée indonésienne en disant qu’elles donnaient mauvaise réputationà la cause pro-indonésienne. Il a affirmé : Nous rejetons ces actions. Quelquefois, elles (les milices) agissent comme un Etat dans l’Etat. Ceux qui ont commis des crimes doivent être arrêtés et jugés selon la loi indonésienne“. En ce qui concerne les résultats éventuels de la consultation populaire prévue pour le mois d’août, il a ajouté : Timor Oriental appartient à nous tous. Nous sommes frères, nous ne sommes pas ennemis; mais la parole est facile, car les extrémistes des deux côtés refusent de compromettre sur leurs principes de baseQuant à “Xanana” Gusmao, il a déclaré qu’il était vital de créer une atmosphère de tolérance et de respect mutuelsIl a ajouté que, si une majorité votait pour l’indépendance du territoire, un gouvernement provisoire serait établi qui offrirait une participation au pouvoir aux partisans de l’intégration à l’Indonésie : Nous sommes prêts à garantir leurs vies, leurs propriétés, leurs intérêts économiques, leurs droits civils et politiques dans un Timor indépendant. Nous nous engageons à consolider le processus de réconciliation, et nous encourageons la culture du dialogue afin d’éliminer tous les sentiments de vengeance et de haine

De son côté, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a décidé de repousser la date du référendum de deux semaines pour des raisons de logistique et de sécurité. Le problème principal semble résider dans les activités des milices armées pro-indonésiennes. L’envoyé spécial des Nations Unies, Jamsheed Marker, a déclaré : Il ne peut pas y avoir une élection libre si toutes les parties n’ont pas les mêmes possibilités de faire campagne. Il est de notre devoir de nous assurer de cela