Eglises d'Asie

Le P. Sumardi décline une récompense décernée par le ministère des Affaires sociales

Publié le 18/03/2010




Le P. Ignatius Sandyawan Sumardi, directeur de l’Institut social de Jakarta et secrétaire des équipes de volontaires pour l’humanité, vient de refuser la récompense sociale que lui avait attribuée le gouvernement à l’occasion de la journée nationale de solidarité sociale fixée au 11 mai. Lors d’un entretien avec l’Agence UCA News, il a déclaré que son refus était motivé par l’absence de volonté chez le gouvernement de mettre un terme à la violence rampante exercée contre les civils : “La violence politique est présente partout, a-t-il dit, sous des formes analogues. En ce moment, de graves violations des droits de l’homme ont lieu à Aceh et au Timor Oriental, qui obligent les gens à devenir réfugiés dans leur propre pays”.

Le P. Sumardi avait reçu, le 10 mai, un télex du Comité de la récompense sociale l’informant qu’il était un de ceux qui avaient été choisis pour recevoir cette récompense des mains du président Habibie, lors d’une cérémonie qui aurait lieu au palais le jour suivant. Dans la matinée du 11 mai, il recevait une carte d’invitation du ministère des Affaires sociales l’invitant à la cérémonie de remise de médailles pour l’après-midi. Le jésuite a renvoyé l’invitation, avec une lettre au ministre, lui exposant qu’il ne pouvait accepter cette récompense, parce que pour le moment, le gouvernement n’a pas fait preuve de responsabilité et n’a pas manifesté une volonté politique sérieuse de mettre fin à la violence exercée plus particulièrement contre les population d’Aceh et de Timor Oriental“.

Dans des déclarations ultérieures, le religieux a dit qu’il suspectait cette remise de récompense de n’être qu’une façon déguisée de légitimer la violence. A travers ce geste, le gouvernement montre son remords, ce qui est bien, a-t-il ajouté, mais la véritable repentance serait de mettre un terme à toutes les formes de violence. Il a également repoussé l’idée selon laquelle, en recevant cette récompense il aurait pu entamer une forme de collaboration critique permettant de parvenir à une cessation de la violence. Une vraie collaboration, selon le P. Sumardi, aurait requis du gouvernement de sérieux efforts pour respecter les droits de l’homme et la dignité humaine. En fait, ce dernier s’est efforcé de camoufler les faits chaque fois qu’il y a eu violence, terreur et intimidation contre les civils.

Le directeur de l’Institut social de Jakarta a même révélé que le président Habibie avait écrit à la Nonciature, lui demandant de le révoquer de son sacerdoce pour avoir commis cinq péchés politiquesLa lettre l’accusait de ternir l’image de l’Indonésie et d’être le maître d’oeuvre des manifestations étudiantes.

Le P. Sumardi est bien connu en Indonésie pour avoir organisé en 1996 les équipes de volontaires pour l’humanité pour aider les victimes des incidents sanglants du 26 juillet 1996. Il avait donné l’hospitalité, à cette époque, à des militants démocrates poursuivis par des militaires. Traduit devant le tribunal, il avait été acquitté (8).