Eglises d'Asie

Les évêques japonais adressent une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU à propos de Timor Oriental

Publié le 18/03/2010




Inquiets pour l’avenir de Timor Oriental, les évêques japonais, unanimes, ont signé une lettre ouverte à l’intention du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Dans cette lettre, datée du 16 juin, les évêques japonais expriment leur inquiétude quant au référendum sur l’autonomie ou l’indépendance du 8 août prochain: “Ce scrutin ne sera pas impartial tant que continueront les manoeuvres d’intimidation des milices pro-indonésiennes”. Citant des rapports sur le respect des droits de l’homme, “cela va de pire en pireécrivent les évêques : “Les gens sont soumis à des mesures d’intimidation en vue de les terroriser et de les forcer à voter en faveur de l’intégration”. Confier la responsabilité de la sécurité du scrutin au seul gouvernement indonésien, écrivent-ils, “serait une erreur fataleIls lancent un appel urgent à Kofi Annan pour qu’il “transmette au gouvernement indonésien, en termes on ne peut plus clairs, la nécessité d’un désarmement total des forces militaires au Timor Oriental et des milices qui y opèrent sous la protection de l’armée”. La lettre demande également que “soient traduits en justice tous ceux qui, militaires ou miliciens, auraient terrorisé la population désarmée du Timor Oriental”.

Si le gouvernement indonésien ne veut ou ne peut pas assumer rapidement et totalement ses obligations, il faut mettre sur pied une opération de maintien de la paix au Timor Orientaldisent encore les évêques, suggérant à Kofi Annan de solliciter les pays susceptibles d’y envoyer une police civile. Ils demandent également d’inciter le gouvernement indonésien à autoriser des délégations internationales et des organisations non gouvernementales à venir soutenir le bon déroulement du référendum. Les évêques japonais expriment enfin leur reconnaissance pour le travail de l’ONU et rappellent que Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, administrateur apostolique de Dili, la capitale du Timor Oriental, avait lui-même sollicité une opération de pacification.

Dans une autre lettre datée également du 16 juin, et adressée à Mgr Belo et à Mgr Basilio do Nascimiento, administrateur apostolique de Baucau, les évêques japonais leur expriment à eux et au peuple du Timor Oriental toute leur solidarité. Ils promettent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les aider à ce que le référendum du 8 août se déroule sereinement en en appelant à autant d’organisations nationales et internationales que possibleIls reconnaissent que la communauté internationale ellemême est à blâmerpour sa lenteur à condamner la violence qui règne au Timor Oriental depuis 23 ans. L’Indonésie a, effet, intégréle Timor Oriental, ancienne colonie portugaise, en 1976. Le Japon lui aussi est particulièrement coupableajoutent les évêques en continuant à être le plus généreux des pourvoyeurs d’assistance économique à l’Indonésie, lui permettant ainsi indirectement de mener à bien cette cruelle occupation dans votre pays“.

En complément de ces deux lettres, les évêques japonais ont également écrit à l’ambassadeur indonésien au Japon, Moezdan Razak, le 18 juin. Lui joignant les deux lettres déjà citées, ils expriment leur espoir de voir le gouvernement indonésien en venir à l’héroïque décision de coopérer pleinement avec l’ONU en vue d’une solution rapideDans le même temps la Conférence épiscopale du Japon décidait d’envoyer Mgr Leo Jun Ikenaga, archevêque d’Osaka, au Timor Oriental le mois prochain. Déjà, le 8 juin, Mgr Paul Yoshinao Otsuka, évêque de Kyôtô, et Mgr Peter Takeo Okada, évêque d’Urawa, respectivement nouveau et ancien secrétaire du Conseil catholique japonais de “Justice et paix” avaient écrit aux évêques du Timor Oriental pour leur exprimer leur solidarité.

Le référendum du 8 août pour une autonomie spéciale du Timor Oriental est le résultat d’un agrément tripartite signé le 5 mai sous l’égide de l’ONU entre les ministres des affaires étrangères de l’Indonésie et du Portugal. Le gouvernement indonésien a déclaré que le rejet de l’autonomie ne laisserait d’autre choix que l’indépendance (9).