Eglises d'Asie

Les intellectuels musulmans du Nahdlatul Ulama critiquent l’usage de la religion à des fins politiques

Publié le 18/03/2010




L’Association nationale des intellectuels musulmans traditionnels, liée au Nahdlatul Ulama, qui est l’organisation musulmane de masse la plus importante d’Indonésie, dirigée par Abdurrachman Wahid, a vigoureusement critiqué les groupes musulmans qui tentent d’utiliser l’islam à des fins politiques.

A l’issue d’un congrès qui réunissait ses membres, le 26 juin, l’Association a constaté que la religion était de plus en plus utilisée pour soutenir les intérêts de groupes ou d’acteurs politiques particuliers dans leur compétition pour le pouvoirLe porte-parole de l’Association, Mustofa Bisri, a ajouté : Si les choses continuent de cette manière, les gens estimeront que tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins et il y a matière à s’inquiéter pour l’avenir de la nationNous avons suffisamment de preuves pour dire que notre élite politique ne parle plus le langage de l’Indonésie mais celui des intérêts privés ou des intérêts de groupes particuliers

Juste avant les élections du 7 juin dernier, le Conseil indonésien des oulémas, autorité suprême de l’islam indonésien, avait déclaré que les musulmans devaient voter pour les partis musulmans ou pour ceux qui promettaient de soutenir les aspirations des musulmans. Cet appel avait été largement ignoré par la population indonésienne et critiqué par Abdurrachman Wahid, président du Nahdlatul Ulama, qui avait demandé au Conseil des oulémas de se mêler de ce qui le regardait (7).

Cette intervention des intellectuels du Nahdlatul Ulama survient au moment où un certain nombre de détracteurs du PDIP (Partai Demokrasi Indonesia Perjuangan), parti de Mme Megawati Sukarnoputri qui a largement gagné les élections, font campagne pour empêcher celle-ci de devenir président de la République parce qu’elle est une femme. Plusieurs groupes musulmans se sont associés à cette campagne. Selon le communiqué de l’Association des intellectuels musulmans traditionnels, cette campagne est l’exemple même du détournement des enseignements véritables de l’islam à des fins politiques.

Des organisations de femmes, des militants de la réforme ont aussi critiqué les groupes musulmans qui essaient d’utiliser l’islam à des fins politiques et qui refusent l’accession éventuelle de Megawati Sukarnoputri à la présidence parce qu’elle est une femme. Même le ministre de l’Intérieur, Syarwan Hamid, a déclaré au quotidien Kompas que la constitution ne mettait aucune barrière à l’élection éventuelle d’une femme à la présidence de la République. Il reste que l’élection de Megawati est loin d’être acquise puisque son parti contrôlera moins de la moitié des parlementaires qui voteront.