Eglises d'Asie

Tamil Nadu : les violences commises à leur encontre inquiètent les chrétiens de Madurai

Publié le 18/03/2010




Les violences répétées contre les communautés chrétiennes de Madurai, l’an dernier, ont profondément perturbé les chrétiens de cette ville du sud de l’Inde. Les responsables de l’Eglise et le gouvernement pensent que cette violence est délibérée et essaie de diviser catholiques et hindous au sein de cette antique cité vieille de 2 600 ans. Pourtant, l’archevêque catholique de Madurai affirme avoir confiance en l’esprit de tolérance des hindous.

Le dernier incident a été l’agression d’un prêtre de 72 ans par des hommes masqués. Le 8 mars, le P. Susai Michael Durai Raj s’entretenait avec un couple quand il a été agressé à l’intérieur du presbytère. Il a été sérieusement blessé et a dû être hospitalisé. Le tabernacle de la paroisse St Joseph, à Gnanaolivupuram, a été fracturé et les hosties piétinées, ce qui a provoqué les protestations des catholiques. Déjà, l’an dernier, des inconnus avaient profané un tabernacle, et les troncs de toutes les églises avaient été pillés. Mgr Marianus Arockiasamy, archevêque de Madurai, qui reconnaît l’augmentation de groupes militants pro-hindous dans le diocèse, refuse de s’en inquiéter, parce que les hindous qui sont ici sont très tolérants et compréhensifs“.

Arockiam Yaggapan, 56 ans, principal de l’école secondaire paroissiale de Gnanaolivupuram estime que les violences se sont accrues avec l’arrivée de l’organisation Hindu Munnani (front Hindou) qui a ouvert des bureaux à Madurai l’an dernier (3). A. Arockiasamy, le vice-président du conseil paroissial, a dit aux journalistes qu’ils avaient, il y a une année, déclaré quatre cas de vols à la police mais que personne n’avait été encore arrêté. Il précise que c’était le premier incident de ce genre dans la paroisse. Mgr Papusamy Antony, évêque auxiliaire de Madurai, écarte le vol comme motif du pillage des troncs paroissiaux et pense que la profanation du tabernacle est un signe évident d’agression“. Cependant, Mgr Arockiasamy et son vicaire général, Selva Raj, ont déclaré quant à eux, que cette agression est un défi lancé à l’Eglise, l’incitant à se lancer dans le troisième millénaire avec un regard élargi sur les autres religions et les autres cultures. Un étudiant en informatique, Alli Robert, affirme que ces incidents révèlent l’intention de susciter suspicion et défiance entre des communautés amies, hindoues et chrétiennes. Packiam Kumaran, un homme d’affaires, souhaite que l’Eglise instaure un dialogue interreligieux pour favoriser l’amitié et révéler le néfaste desseindes fondamentalistes hindous.

D’après le P. Francis Borgia, vicaire à la paroisse de Gnanaolivupuram, les paroissiens s’inquiètentde voir la montée du nationalisme hindou mettre en question leur foi et menacer la paix dans leur région. Le curé, le P. V. Michael Charles, affirme qu’une note a été trouvée dans un tronc demandant pourquoi des religieuses catholiques avaient été violées dans la région centrale de l’Inde (4), si le Christ était bien vivant dans les hosties consacrées. Des militants pro-hindous sont en effet suspectés d’avoir violé trois religieuses dans un couvent du Madhya Pradesh en septembre dernier. La même question ridiculisant les pouvoirs divins du Christ avait été inscrite sur un mur de l’église.

Le commissaire adjoint de Madurai, Sakthi Velu, a déclaré aux journalistes, le 8 juin, que ces incidents révèlent des motivations cachées et sont délibérément provoqués pour insulter les catholiques“. Velu assurera la protection de l’église de Gnanaolivupuram pendant deux semaines et a promis de restaurer la paix dans la région. La police, a-t-il dit, a relevé des empreintes digitales sur le tabernacle qui pourront permettre l’arrestation rapide des coupables. La profanation du tabernacle a bouleversé les paroissiens qui ont demandé une action immédiate et effective pour contrer cette violence. Delphine Rose, 24 ans, une jeune catholique, a avoué aux journalistes qu’elle ne parvenait pas à comprendre le pourquoi de ces attaques et qu’elle craignait que de telles violences se reproduisent dans sa ville qui renferme le célèbre temple dédié aux dieux hindous, Shiva et Meenakshi. Le P. Lourdes Anandam, de l’archidiocèse de Madurai, qui a travaillé avec des travailleurs sociaux pro-hindous, près de Kodaikanal a, pour sa part, déclaré aux journalistes que la soudaine montée des violencesle faisait mal augurer de l’harmonie future entre les communautés de la région.