Eglises d'Asie

Gujarat : manifestation de ramasseurs de déchets protestant contre une décision partisane de la municipalité à majorité BJP

Publié le 18/03/2010




Quelque mille ramasseurs de déchets et habitants des bidonvilles ont manifesté, le 23 juin dernier, à Surat dans l’Etat du Gujarat, pour protester contre une décision municipale leur interdisant l’utilisation d’un terrain de la ville. La municipalité de cette ville vient en effet de révoquer une autorisation non officielle qui permettait aux ramasseurs de déchets, soutenus dans cette action par un organisme catholique appelé “Navsarjan” (Nouvelle création), d’installer leur coopérative sur un terrain vague de la ville. Avec l’approbation implicite du préfet de la ville et l’aide de “Navsarjan”, ils y avaient aussi construit un magasin destiné à l’achat, au stockage et à la revente aux commerçants des divers déchets. Le Conseil municipal leur a refusé l’usage du terrain et a déclaré illégale la construction du magasin, mesures qui, selon beaucoup d’observateurs, ont été motivées par la présence de chrétiens dans ce projet.

Selon le P. Stanny Jabomalai, directeur de l’association “Navsarjan“, dans cet Etat gouverné par le BJP, qui détient également 97 des 99 sièges de la municipalité de Surat, et où se sont produits la majorité des 100 cas de violences anti-chrétiennes recensés l’année dernière dans le pays, seuls les sentiments hostiles aux adeptes du christianisme ont amené la municipalité à s’opposer à un projet destiné à aider les habitants pauvres de la région. Les ramasseurs de déchets s’étaient installés sur un terrain abandonné depuis plus d’une décennie. L’Association catholique avait pris contact avec le préfet de la ville à qui elle avait présenté le projet de coopérative et de magasin sur une surface de 104 mètres carrés. Convaincu de l’intérêt de ce projet, le préfet avait manifesté son accord et la coopérative avait mis en place une installation provisoire. Il y a deux mois, un accord oral avait été donné pour la construction du magasin qui était presque achevée lorsqu’est venu le contre-ordre de la municipalité.

En plus du refus opposé au projet des ramasseurs de déchets, la municipalité a demandé au gouvernement le déplacement du préfet qui lui avait donné son aval. Selon le directeur de “Navsarjan“, une majorité des membres du Conseil municipal est opposée au préfet, un fonctionnaire gouvernemental, qui a fait démolir une série de constructions illégales dans la ville, ce qui aurait porté tort au groupe détenteur du pouvoir municipal. L’affaire des ramasseurs de déchets n’aurait été qu’une occasion permettant aux ennemis du fonctionnaire gouvernemental de le faire déplacer. La municipalité a fait répondre que le transfert du préfet est une affaire de routine et qu’elle ne pouvait donner son accord à l’utilisation d’un terrain municipal non constructible par le groupe des ramasseurs de déchets.

Le P. Jabomalai maintient son opinion au sujet de la décision municipale qui, selon lui, témoigne de vues partisanes, puisqu’il existe dans la ville d’innombrables constructions illégales et que certains temples hindous ont obtenu le droit d’être érigés au milieu de la route. Nous n’avions pourtant aucune intention de construire une églisea fait remarquer le prêtre. Hinabel Patel qui a conduit, le 23 juin, la manifestation dans les rues de la ville, a déclaré que la municipalité de Surat voit toutes choses sous un angle communautariste