Eglises d'Asie – Timor Oriental
Les attaques des milices pro-intégrationnistes contre des postes de la mission de l’ONU risquent de retarder encore la date du référendum sur l’autonomie du territoire
Publié le 18/03/2010
Depuis le début du mois de juillet, trois postes de la mission des Nations Unies ont été attaqués par des milices pro-intégrationnistes, mises en place et encadrées par l’armée indonésienne. L’attaque la plus importante a eu lieu à Liquiça, à 25 km à l’ouest de Dili, dimanche 4 juillet dernier. Un convoi d’aide humanitaire y a essuyé des coups de feu provenant de miliciens. Plusieurs personnes ont été blessées, des véhicules ont été endommagés, des pierres ont été jetées contre un hélicoptère procédant à l’évacuation des victimes. Selon des témoins occidentaux, les responsables de la police à Dili avaient auparavant refusé de fournir une escorte au convoi. Au mois d’avril dernier, les milices avaient déjà pris le contrôle de Liquiça, faisant plus de 50 victimes locales selon des sources internationales et entraînant l’exode de 40 à 50 000 personnes. A l’heure actuelle, trois des huit postes ouverts par la mission de l’ONU ont dû être abandonnés à cause de l’insécurité.
Ces incidents graves ont donné lieu à de nombreuses protestations. Le lendemain de l’attaque de Liquiça, Ian Martin, chef de la mission des Nations Unies, exprimait sa très grande inquiétude et déplorait l’inaction des forces de l’ordre indonésiennes. Sans conclure à une stratégie concertée, il constatait cependant que les attaques avaient eu lieu en plusieurs lieux et se produisaient dans le contexte d’une série de menaces proférées contre le personnel des Nations Unies. Le même jour, à Canberra, l’émissaire spécial des Nations Unies pour le Timor ortiental, Jamsheed Marker a déclaré: “Si le vote avait lieu aujourd’hui, je ne pense pas que cela serait possibleS’adressant aux autorités indonésiennes, il a ajouté: “C’est l’Indonésie qui est responsable de la sécurité au Timor Oriental. Elle doit se montrer à la hauteur de ses obligationsSur place, au Timor, le porteparole de Kofi Annan faisait pression sur les autorités indonésiennes pour qu’elles contrôlent les milices pro-indonésiennes et permettent aux agents de l’organisation internationale de travailler en sécurité.
La pression internationale sur l’Indonésie à propos de cette affaire a encore augmenté dans les jours qui ont suivi. Mercredi, 7 juillet, les Nations Unies, par l’intermédiaire de Jamsheed Marker et Ian Martin, exigeaient que les milices anti-intégrationnistes soient mises hors d’état de menacer les membres de son personnel et que les auteurs des agressions soient arrêtés et répondent de leurs forfaits. Le même jour, un porte-parole du département d’Etat des Etats Unis haussait le ton à son tour : “Nous appelons donc le gouvernement indonésien à prendre ses responsabilités, à s’assurer que les milices sont maîtrisées et que cessent les menaces contre l’ONU et contre la bonne tenue du scrutin
Une intense activité diplomatique devrait avoir lieu autour de Timor Oriental au cours des deux jours précèdant le 13 juillet, jour où Kofi Annan devrait annoncer sa décision au sujet du référendum. Une délégation de huit ministres du gouvernement indonésien, comprenant notamment Ali Alatas, ministre des Affaires étrangères et le général Wiranto, ministre de la Défense nationale, doit se rendre à Timor. Au cours de leur visite, les ministres devaient s’entretenir avec les membres de l’administration locale et des forces de l’ordre ainsi qu’avec les représentants des Nations Unies. Quelque temps auparavant, l’adjoint au secrétaire d’Etat américain aura rencontré les autorités indonésiennes pour leur faire part de la préoccupation des Etats-Unis. Malgré les pressions exercées, le gouvernement indonésien est, semble-t-il, fermement décidé à ce que le référendum ait lieu à la date prévue. Un conseiller du président Habibie est allé jusqu’à dire que si ce n’était pas le cas tout le processus serait remis en cause.