Eglises d'Asie

Mindanao : une démonstration militaire par de jeunes enfants musulmans provoque l’intervention de la Commission gouvernementales des droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




Le 19 juin, dans le camp de Bushra a Butig, dans le Lanao du sud, les membres du Front moro de libération islamique (FMLI) avaient organisé pour des journalistes une séance au cours de laquelle sept filles de 10 à 16 ans ont fait une démonstration de leurs talents militaires, particulièrement en matière de tir au fusil. Leur entraîneur, Sultan Kammad Gund, a déclaré au public qu’elles faisaient partie d’une classe de 25 jeunes filles qui venaient d’achever une session de 45 jours d’entraînement militaire de base. Une seule, la plus jeune, juste un peu plus grande que son fusil, a manqué la cible large de trente centimètres que les filles devaient atteindre à 20 mètres de distance. Les autres ont logé leurs balles dans le premier et le second des cercles entourant le centre de la cible. Elles utilisaient des M16 et tiraient en position agenouillée, le coude gauche appuyé sur le genou gauche. Les enfants étaient habillés en tenue de combat noire ou portaient un vêtement de type camouflé ne laissant apparaître que leurs mains, leur voile et leurs chaussures.

Après la démonstration de tir au fusil, les journalistes ont recueilli les confidences des jeunes militaires dont la plupart sont nées dans ce camp. Elles se sont exprimées sans fausse note. L’une d’entre elles, dont la soeur âgée de douze ans suit l’entraînement militaire dans le camp, est persuadée que si celle-ci mourrait au combat, elle deviendrait aussitôt une martyre. Une autre âgée de quatorze ans s’est déclarée prête à mourir pour la cause de la “Jihad” (guerre sainte). Toutes ont dit qu’elle étaient heureuses d’être dans le camp et de s’y entraîner. Je n’envie pas les autres gamines, a dit l’une d’elles, je suis heureuse de ce que je fais

Le dirigeant FMLI, Jannatis Mimbantas, a révélé aux journalistes que 300 à 500 jeunes femmes suivaient volontairement chaque année cet entraînement, mêmes si elles étaient rarement appelées à jouer un rôle actif dans les opérations militaires. Selon Paladan Badron, qui enseigne au Centre du roi Faisal pour les études islamiques, dans le cadre de l’université nationale du Mindanao, diverses circonstances peuvent justifier la présence d’une femme dans les troupes engagées: la vente sacrilège d’un lieu de culte, ou le viol d’une femme musulmane.

La démonstration militaire exécutée par de toutes petites filles, les déclarations de celles-ci à la presse, ainsi que les explications fournie par les responsables du Front moro de libération islamique (FMLI) ont scandalisé la Commission gouvernementale des droits de l’homme qui a décidé de poursuivre les rebelles musulmans pour abus d’enfants. “Si la population veut bien collaborer avec nous, a affirmé la responsable de la Commission, Aurora Navarette Recina, nous déposerons plainte contre eux pour abus d’enfantsSelon elle, les responsables du camp sont passibles de peines pour avoir contrevenu à la loi. “Même si ces jeunes filles étaient volontaires comme elles l’on dit, elles n’auraient pas être acceptée par les organisateurs jusqu’à l’âge légal pour combattre

Le FMLI, qui s’est séparé du Front moro de libération nationale depuis 1978, s’est engagé à créer un Etat séparé islamique dans la région de Mindanao, au sud des Philippines. Ce groupe déclare rassembler 120 000 combattants dans 13 grands camps et 33 plus petits camps dispersés dans sept régions du Mindanao. Pour promouvoir les efforts de paix entre le FMLI et le gouvernement, a été fondée une institution, appelée forum de dialogue, dans laquelle évêques chrétiens et érudits musulmans s’entretiennent ensemble au service de la réconciliation.