Eglises d'Asie

Pour la première fois depuis 24 ans, les fidèles Hoa Hao célèbrent solennellement lesoixantième anniversaire de la fondation de leur religion

Publié le 18/03/2010




Après plus de 24 ans de silence apparent, la religion Hoa Hao s’est soudain réveillée à l’occasion du Saint Jour de la Commémoration de la fondation de l’Eglise, cette année le soixantième anniversaire, au cours de fêtes qui se sont déroulées du 14ème au 18ème jour du cinquième mois lunaire (du 27 juin au 1er juillet). Selon des statistiques rapportées par l’Agence vietnamienne d’information, près d’un million de personnes venues de tout le pays se sont rassemblées dans la ville de Phu My de la province de An Giang. Selon le récit de témoins oculaires, pour chacun des jours de fêtes, 200 à 300 000 fidèles se pressaient dans la pagode de An Hoa.

Les autorités civiles avaient donné leur aval à l’organisation de cette fête qui devait rassembler toute la communauté Hoa Hao en un lieu appelé “Terre sainte” par les fidèles. Cependant, selon des témoignages en provenance du Vietnam et diffusés par la communauté Hoa Hao vietnamienne des Etats-Unis, une certaine tension a régné tout au long de ces cinq jours de fête. Les autorités locales, sans doute dans l’intention de restreindre le nombre de pèlerins, ont opposé un certain nombre d’obstacles au bon déroulement de ce rassemblement. A ceux qui voulaient dormir sur les lieux-mêmes de la terre sainte, il fut demandé de se soumettre à des formalités compliquées. Seuls certains pèlerins y consentirent, les autres passèrent outre et dormirent sur place sans permission. Par ailleurs, les autorités ont essayé d’empêcher les barques transportant du ravitaillement, ont réduit de 31 à 6 le nombre de points aménagés pour nourrir les pèlerins et ont interdit la circulation sur une section de 5 kilomètres avant l’arrivée à la pagode.

Le 26 mai précédent, le Bureau des affaires religieuses du gouvernement et le Front patriotique avaient patronné et animé le premier congrès de la religion Hoa Hao depuis le changement de régime d’avril 1975. Au cours du congrès avait été élu un Comité de représentants de 11 membres, dirigé par Nguyên Van Tôn, auquel participent un certain nombre de membres du parti et d’où a été exclu Lê Quang Liêm, ancien président du Comité central de la Congrégation bouddhiste Hoa Hao.

La religion Hoa Hao qui compte aujourd’hui entre 3 et 4 millions d’adhérents se qualifie de bouddhiste mais donne une grande importance au culte domestique et réunit dans une même croyance des éléments bouddhistes, animistes, confucéens. Après de premiers rapports difficiles avec le pouvoir colonial français, les dirigeants de la religion Hoa Hao faisaient alliance avec le Vietminh en 1945. Quelques années après, le fondateur de la religion, le prophète Huynh Phu So, accusé de trahison, fut exécuté sur ordre de ses alliés Vietminh. Cet acte rejeta les dirigeants et adeptes Hoa Hao vers les Français qu’ils aidèrent dans leur lutte contre les guérilleros vietminh. Après avril 1975, cette religion subit une répression très sévère. Selon des renseignements recueillis par le rapporteur spécial des Nations Unies, lors de son voyage au Vietnam en octobre 1988, les autorités maintiennent leur décision de fermeture, d’une part, de tous les sièges d’administration de l’Eglise Hoa Hao (au nombre de 3 589) au niveau central, régional et communal et d’autre part de tous les lieux de culte et établissements religieux et à vocation sociale et culturelle (plus de 5 000, dont dans la province de An Giang, une université, un hôpital et un centre de la propagation de la foi). Sont également interdites toutes les célébrations de fêtes religieuses…”