Eglises d'Asie

Des lieux de cultes protestants ont été détruits par la police dans la province de Binh Phuoc

Publié le 18/03/2010




Selon une lettre écrite du Vietnam au mois de juillet 1999, rapportée par le journal de langue vietnamienne, “Viêt Bao”, ainsi que par l’association, “Christian Solidarity Wordlwide”, que cite l’agence Reuters, les autorités policières ont, au cours du mois de juillet dernier, détruit quatre lieux de cultes appartenant à des communautés protestantes de la province de Binh Phuoc à la frontière du Cambodge, communautés essentiellement composées de chrétiens appartenant aux ethnies hmong et stieng (15).

Une première église, fréquentée par des chrétiens de l’ethnie Stieng, a été détruite par la police provinciale au village de Dông Tâm, du district de Dông Phu. Cette église, semble-t-il, avait été construite avec une permission des autorités locales. Le cas a été différent pour d’autres lieux de culte nouvellement édifiés. Dans cette région où vivent environ 30 000 chrétiens, il existe en effet environ 80 lieux de culte, la plupart construits sommairement en bois durant l’année 1994. Au cours des mois derniers, pour pallier l’effondrement de certains de ces anciens édifices et le vieillissement de tous, des permis de construire ou de restaurer ont été demandés à la police. Celle-ci n’ayant pas répondu et la saison des pluies rendant urgentes les nouvelles constructions, les chrétiens ont entrepris l’édification de nouveaux temples. C’est ainsi que fut élevée l’église de Dak La, au village de Tho Son, dans le district de Bu Dang. Sous le prétexte que cette construction était illégale, la police voulut obliger les fidèles à signer un engagement dans lequel ils promettaient de détruire eux-mêmes l’église nouvellement édifiée. La population s’y refusa et environ 150 fidèles, jeunes et vieux confondus, pénétrèrent dans le lieu de culte pour l’occuper. Les plus anciens enlacèrent les colonnes de leurs bras en priant Dieu de changer le coeur des policiers. Ceux-ci abandonnèrent provisoirement la partie mais revinrent sur les lieux le 1er juillet à 9 heures, heure où les gens du village étaient occupés aux travaux des champs. Ils ont détruit l’église et scié les colonnes de bois au ras du sol.

La même lettre faisait aussi mention de l’arrestation de deux dirigeants de la Mission inter-évangélique, appréhendés le 8 juillet dans le Quang Ngai. Ces deux personnalités, Tô Dinh et Trân Hung Linh, étaient venus dans cette province en mission catéchétique. Ils ont été relâchés après trois jours d’interrogatoires.

Interrogé sur ces faits lors d’une conférence de presse, le porteparole des Affaires étrangères du gouvernement de Hanoi, Lê Sy Vuong Ha, a vivement démenti ces informations, les qualifiant de fausses et mal intentionnées. Cependant, il a reconnu que certaines personnes de la province Binh Phuoc avaient construit des maisons sans permission, lesquelles avaient dû être éliminées, les responsables ayant refusé de les démolir volontairement.

Les directives religieuses du récent décret N° 26, à l’article 12, prévoient que toute construction ou restauration de lieux de culte devra être autorisée par les autorités provinciales. Dans un récent document, l’épiscopat vietnamien s’est plaint du retard des réponses apportées aux diverses demandes adressées aux autorités en ce domaine. Par ailleurs, ces faits confirment la méfiance avec laquelle les autorités considèrent le développement actuel du christianisme évangélique, surtout au sein des diverses minorités ethniques, aussi bien dans les zones montagneuses du Nord-Vietnam, qu’au Centre et au Sud.