Eglises d'Asie

La mort suspecte d’un jeune employé dans les locaux de la police suscite une manifestation de protestation dans les rues de Kathmandou

Publié le 18/03/2010




En plein centre de Kathmandou, devant l’hôpital Bir, le 17 août dernier, s’est déroulée une importante manifestation destinée à protester contre la mort suspecte dans les locaux de la police d’un aide-conducteur de camion, Sukbir Ale Tamang. Plus de 2 000 employés des transports, des militants d’organisations des droits de l’homme ainsi que de nombreuses autres personnes y ont participé. La manifestation qui était accompagnée de centaines de voitures, cars, taxis à trois roues, motocyclettes, a provoqué un embouteillage monstre au centre de la ville pendant deux heures. Des slogans hostiles à la police ont été entendus, des pierres jetées et des barrières ont été arrachées sur les bas-côtés de la route. Les forces de l’ordre équipées de matraques ont chargé la manifestation et l’ont finalement dispersée.

La jeune victime, ainsi que le propriétaire et le conducteur du camion, avaient été accusés d’avoir dérobé la somme de 255 000 roupies (environ 3 700 dollars) à un couple qu’ils transportaient dans leur véhicule. Le vol aurait eu lieu à Nawalparasi, à environ 200 km au sud-ouest de Kathmandou. Les trois hommes, qui ont nié les faits, ont été mis en garde à vue le 4 août dans les locaux de la police où ils ont été retenus une semaine, alors que la constitution du Népal prévoit que le délai de garde à vue ne peut excéder deux jours sans que les prévenus ne soient traduits devant les tribunaux. Le jour de leur libération, le 11 août, Tamang a été conduit à l’hôpital régional, puis à l’hôpital Bir de Kathmandou où il est mort le 16 août. L’une des trois personnes appréhendées a déclaré que la police n’avait pas cessé de les frapper, même après qu’ils eurent promis de rembourser un argent qu’ils n’avaient jamais volé. Le témoin a ajouté que le conducteur avait été battu avec une telle férocité qu’il en est resté infirme.

Le centre des employés des transports de Nawalparasi a publié un communiqué de presse qui qualifie d’intolérables les agissements de la police de la ville, exige une compensation financière adéquate pour la famille des victimes et une punition exemplaire pour les policiers coupables. Dans un autre communiqué, les membres d’une Association des droits de l’homme se déclarent choqués de voir un citoyen ordinaire trouver ainsi la mort après avoir été torturé par la police. La presse a rapporté qu’après la protestation de certains parlementaires, le ministre de l’Intérieur est venu, le 17 août, annoncer à l’Assemblée nationale que, sur la base des premières investigations, six policiers avaient été suspendus de leurs fonctions. Le même ministère aurait déjà créé une commission d’enquête de trois membres qui devrait soumettre un rapport au gouvernement avant une semaine.

Pendant ce temps, le Centre pour les victimes de la torture au Népal mène ses propres recherches sur les circonstances qui ont entouré le décès suspect de Tamang. Il procède aussi à un diagnostic physique et mental des deux autres victimes de la police. Une équipe comportant un docteur et un juriste a été envoyée dans les hôpitaux de Nawalparasi et de Kathmandou où l’aide-conducteur a successivement été admis. Bien que le Centre soit tenu à la discrétion sur ce genre d’enquête, il a porté à la connaissance du public qu’une brûlure avait été décelée sur le pied de la victime.

Au Népal, la police n’hésite pas à utiliser la torture en vue d’obtenir des confessions. Un jeune policier, qui a voulu rester anonyme, a confié à l’Agence UCA News, qu’il était souvent appelé à matraquer des prévenus enchaînés. L’assistant du P.Thomas Gafney, connu sous le nom de “Père du Service social”, assassiné le 14 décembre 1997 à Kathmandou (8), a confié avoir été ensuite torturé pendant 24 jours. Dépouillé de ses vêtements, accroupi et les poignets liés à un pieu coincé entre ses genoux, les policiers l’avaient battu dans le but de lui faire avouer des relations anormales avec le prêtre assassiné.