Eglises d'Asie

Les théologiens d’Asie appellent les Eglises à tenir compte des cultures locales et de la pluralité des religions

Publié le 18/03/2010




Les 104 théologiens catholiques, protestants et orthodoxes; originaires de douze pays d’Asie, réunis à Bangalore en Inde du 8 au 15 août 1999 pour le deuxième Congrès des théologiens d’Asie, ont centré leurs débats sur le contexte social, culturel et religieux des Eglises dont ils sont issus. Un exposé présenté par le groupe de missiologie s’est attaché à tirer les conséquences de l’environnement pluri-religieux des Eglises chrétiennes en Asie. Des problèmes de société, il en a été surtout question dans le message publié à l’issue du congrès.

L’exposé présenté au Congrès par le groupe de missiologie s’est en particulier intéressé aux problèmes posés à la mission de l’Eglise par la multiplicité et la diversité des religions exerçant leur influence dans les diverses sociétés asiatiques. Leur existence et leur diversité non seulement doivent être constatées mais reconnues; il importe en effet de considérer comme légitime le rôle joué par les différentes religions auprès de leurs adeptes. Selon le rapport du groupe, la pluralité des religions est, en effet, un produit de la Parole de Dieu en acte dans le monde et fait partie de la réponse collective de l’humanité au dessein créateur de Dieu. Une telle conception des autres religions exige des Eglises qu’elles s’engagent dans un dialogue qui ne se confonde pas avec un simple exercice académique mais cherche à édifier une communauté viable et sainedans laquelle la réconciliation obtienne toute sa place. Tout en reconnaissant que le caractère évangélique est une dimension essentielle de la mission, les membres du groupe de missiologie s’accordent à considérer cette dernière beaucoup plus comme une invitationque comme une proclamation. Aussi bien, la mission d’aujourd’hui s’appuie sur la conviction que Dieu est un ami pour les hommes, que les hommes sont des amis pour Lui et que, par conséquent , ils peuvent devenir des amis les uns des autresDe ce fait, la mission implique une radicale ouverture à l’autre et un partage de tout avec tous. Elle vise à une conversion mutuelle grâce à un enrichissement spirituel des deux parties en jeu dans le processus de la mission. Une illustration de ce point de vue sur la mission a été fournie par l’utilisation chrétienne du modèle de l’ashram, lieu traditionnel en Inde, où un groupe partage l’enseignement et la vie d’un gourou ou maître spirituel. L’exposé du groupe a également souligné l’importance des cultures dans l’oeuvre missionnaire, chacune d’entre elles étant unique et marquée par une altérité irréductible, attachée au dessein de Dieu lui-même.

Autant les cultures et leur particularité ont été valorisées par le Congrès, autant le contexte actuel de “mondialisation” a été l’objet d’appréciations pessimistes et de mises en garde, aussi bien dans l’exposé du groupe de missiologie que dans le message publié à l’issue du Congrès. Présentée comme une force obscure et une source de dégénérescence, qui trouble et déshumanise le monde, la mondialisation doit rencontrer la résistance des Eglises, qui, comme le dit le message, sont dans l’obligation de s’allier avec toutes les forces qui luttent contre l’impact de l’internationalisme destructeur de cultures. Dieu, concluait le message, appelle les chrétiens à célébrer la vie– c’était le thème principal du Congrès – dans les conditions culturelles, religieuses et sociales des pays d’Asie.