Eglises d'Asie

Une haute personnalité du Bouddhisme unifié, libérée il y a un an, continue de subir les tracasseries de la police de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Les séjours en prison et en résidence surveillée sont loin d’avoir émoussé l’énergie du secrétaire général du Bouddhisme unifié (recteur de l’Institut de la propagation du Dharma), le vénérable Thich Quang Dô. Voilà tout juste un an, le 1er septembre 1998, à l’occasion de la fête nationale, les autorités avaient mis un terme à la détention du religieux, une détention qui avait duré 3 ans et 8 mois, mais qui était loin d’être la première (10). Il avait auparavant, en 1977, subi 20 mois de prison, suivis un peu plus tard, en 1982, de dix ans d’exil au Nord-Vietnam. Après sa dernière libération, les démêlés avec la police, qui n’a jamais cessé de contrôler ses déplacements ainsi que ses faits et gestes, n’ont pas tardé à reprendre. Le 23 mars 1999, la police mettait un terme à une rencontre secrète entre lui et le patriarche Thich Huyên Quang à la pagode de Quang Phuoc au Centre-Vietnam et le ramenait de force à Hô Chi Minh-Ville (11). Sa toute dernière confrontation avec les forces de l’ordre date du 6 août 1999, date à laquelle il a été invité par lettre à venir au siège du Comité populaire de l’arrondissement de Phu Nhuân pour “s’entretenir d’un certain nombre d’activités illégales, récemment constatées” (12).

Au cours de la “séance de travail”, qui s’est déroulée en présence d’une dizaine de cadres de la ville et de l’arrondissement appartenant au Comité populaire, au Front patriotique et au bureau des Affaires religieuses, deux activités lui ont particulièrement été reprochées: l’envoi d’un communiqué sur le huitième Congrès du Bouddhisme unifié qui s’est réuni en Californie du 14 au 16 mai 1999 (13) et la rédaction d’un lettre adressée aux ambassadeurs de l’Union européenne réunis à Hanoi le 28 juillet 1999. Le contenu de la lettre à propos du huitième Congrès, informant les fidèles de l’actuel bureau directeur du Bouddhisme unifié, a été considéré par les cadres présents à la rencontre comme en infraction avec les articles du dernier décret sur les activités religieuses faisant obligation aux religions de demander l’approbation du gouvernement avant de procéder à des nominations ou consécrations de dignitaires ou d’ecclésiastiques (14). Selon les autorités, la lettre aux ambassadeurs constituerait une violation de la sécurité nationale, infraction pour laquelle le décret 31/CP prévoit une peine de 6 mois à deux ans de prison, sans qu’il soit besoin de passer par les tribunaux. Dans cette lettre, le vénérable Thich Quang Dô s’est vivement élevé contre l’Eglise bouddhiste officiellement reconnue. Fondée en 1983 sur l’ordre des autorités politiques, devenue membre du Front Patriotique, elle est soumise à l’Etat et obéit à tous les mots d’ordre du Parti communiste. Le religieux demande que l’Eglise bouddhiste unifiée qui a refusé cette intervention de l’Etat soit restaurée et puisse se livrer librement à des activités religieuses. La lettre souligne le caractère urgent de la question des droits de l’homme au Vietnam et présente à l’attention des diplomates européens une liste de 31 prisonniers de conscience, insistant particulièrement sur le cas du patriarche Thich Huyên Quang, âgé de 82 ans, malade, détenu dans le Quang Ngai depuis 1982.

Lors de l’entretien du 6 août 1999, après avoir exposé leurs accusations, les cadres présents ont demandé au religieux d’exposer sa défense. Celui-ci s’y est refusé, affirmant qu’il n’y avait aucune illégalité dans ses activités et qu’il était prêt à aller en justice pour en répondre. A son avis, a-t-il répondu, l’illégalité est du côté de ceux qui maintiennent le patriarche Thich Huyên Quang en prison sans jugement depuis 1982. En conséquence, il a refusé de signer le procès verbal de la rencontre. D’autres religieux bouddhistes ont été aussi invités à des entretiens avec la police à la même époque. Le vénérable Thich Duc Nhuân, convoqué le 5 août, a envoyé un autre religieux le représenter. Le vénérable Thich Tuê Sy, également libéré le 1er septembre, n’a pas répondu à la convocation.

Dans une intervention à la sous-commission des droits de l’homme de l’ONU, M. Vo Van Ai, président du Comité Vietnam pour la défense des droits de l’homme, a rapporté, que, dans la nuit du 13 au 14 août, des agents de police se sont présentés à la porte de la pagode Thanh Minh Thiên où réside le vénérable Thich Quang Dô, pour procéder à une fouille, mais le responsable du monastère a refusé de les laisser pénétrer comme lui en donne le droit le Code pénal.