Eglises d'Asie

Alors que les élections générales ont commencé, les prises de position se multiplient pour tenter d’orienter le vote des minorités religieuses

Publié le 18/03/2010




Quelques jours avant le début des élections générales qui se dérouleront entre le 5 septembre et le 1er octobre 1999, les partis en présence s’efforcent de courtiser les groupes religieux minoritaires, qu’il s’agisse des chrétiens ou des musulmans, afin d’obtenir leur vote.

Nombreuses ont été les réactions à la publication par l’Eglise catholique, le 26 août, des dix points qui doivent guider le choix des fidèles “et de toute autre communauté souhaitant les adopter” pour l’élection du parlement fédéral et les assemblées législatives de trois Etats (6). Le BJP, parti nationaliste hindou du premier ministre Atal Behari Vajpayee, a dénoncé ces “directives” comme une “fatwa” virtuelle. “Il était hautement impropre de la part des responsables chrétiens d’émettre une fatwa car la plupart des chrétiens sont des gens éduqués”, a déclaré le porte-parole du BJP, Mewa Ram Arya. Mgr De Lastic, président de la Conférence des évêques de l’Inde, lors de sa conférence de presse du 26 août à New Dehli, avait pris soin de ne nommer aucun parti politique en particulier mais le texte en dix points publié à cette occasion contenait des critiques implicites sur l’action menée par la coalition emmenée par le BJP, au pouvoir depuis mars 1998. Dénonçant “pratiquement deux ans de considérables violences communautaires”, le communiqué faisait référence à certains développements qui avaient “dans un passé récent, mis à l’épreuve” l’image laïque du pays, une allusion transparente aux attaques contre des chrétiens dont le nombre a augmenté de façon significative ces deux dernières années.

D’autre part, les prises de position du BJP et de ses alliés les plus extrémistes pourraient bien lui aliéner le vote musulman. Au cours des dernières décennies, le vote musulman était généralement favorable au Parti du Congrès. Mais leur comportement politique a changé en 1992, date à laquelle des fanatiques hindous détruisirent la mosquée construite au 16ème siècle à Ayodhya, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. Depuis ce jour, et pour ne pas avoir su l’empêcher, le Parti du Congrès est tenu responsable par les musulmans de cette destruction. L’an dernier, toutefois, Sonia Gandhi, au nom du Parti du Congrès, s’est publiquement excusée de la destruction de la mosquée d’Ayodhya. D’autre part, les plus militants des nationalistes hindous continuent de dire qu’un jour ils rebâtiront un grand temple hindou sur les ruines de cette mosquée. Enfin, les musulmans s’inquiètent des liens étroits qu’entretient le BJP avec le RSS (Rashtriya Swayamsewak Sangh – Corps National des Volontaires), le plus influent des groupes extrémistes hindous. Cependant, aucun des deux grands partis, pas plus le Parti du Congrès que le BJP, ne peut s’attendre à une prise de position unique de la part des chefs religieux musulmans. A New Dehli, le responsable de la mosquée Fatehpuri, construite au 17ème siècle, la plus grande mosquée du pays, Syed Ahmed Bukhari, a déclaré : «Nous ne voyons pas de différence entre le Congrès et le BJP. Ceux qui mendient le vote des musulmans durant les élections ne font rien pour leur bien-être ensuite.» Les experts de la carte électorale indienne estiment qu’un vote en masse des 140 millions d’électeurs musulmans peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre dans 50 des 543 circonscriptions, principalement dans les régions densément peuplées du nord du pays.