Eglises d'Asie

Des responsables chrétiens s’opposent à la venue en Inde du plénipotentiaire américain chargé d’enquêter sur le respect de la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




A l’unisson de leur gouvernement, mais tout en dénonçant les violences dont sont victimes les minorités religieuses en Inde, des responsables chrétiens se sont prononcés contre la venue dans leur pays de l’ambassadeur extraordinaire du gouvernement américain pour la liberté religieuse dans le monde. “En tant que citoyens indiens, notre position est que les Etats souverains ne doivent pas interférer dans les affaires d’autres Etats souverains”, a déclaré le 13 septembre John Dayal, porte-parole de la All India Catholic Union (fédération des organisations de laïcs catholiques).

Dans son rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde, publié au début de ce mois, le Département d’Etat américain dénonce l’actuel gouvernement au pouvoir à New Delhi ainsi que ses alliés pour discrimination à l’encontre des non-hindous. Le rapport note que l’orientation traditionnellement laïque du pouvoir est remise en question par les nationalistes hindous et leurs affidés. Les journaux indiens ont rapporté les propos de Robert Seiple, le plénipotentiaire américain en charge de la liberté religieuse à travers le monde, qui se disait “soucieux” à propos de la situation prévalant actuellement en Inde et qui envisageait une visite d’ici la fin de l’année à New Delhi pour “des entretiens francs” à ce sujet. La réaction du ministre des Affaires étrangères indien fut immédiate : Robert Seiple ne sera pas invité à visiter le pays.

Dans les milieux chrétiens, les commentaires furent eux aussi prompts et clairs, mais ils n’ont pas manqué de souligner que c’était l’échec même du gouvernement indien à protéger les minorités religieuses en Inde qui avait suscité cette intervention extérieure. Le P. Dominic Emmanuel, de l’United Christian Forum for Human Rights, a notamment déclaré : “Nous sommes heureux que le gouvernement américain ou quelque autre gouvernement prenne note de nos difficultés ici, mais l’Eglise estime qu’une telle visite n’est pas appropriée”, tout en poursuivant : “Le gouvernement [à New Dehli] peut certainement faire plus [pour la protection des minorités religieuses]. Les minorités sont à nouveau victimes de discriminations et les derniers assassinats dans l’Etat de l’Orissa montrent que les violences continuent” (11).