Eglises d'Asie

Les croyants les plus persécutés sont les chrétiens des minorités ethniques, selon le dernier rapport américain sur la liberté religieuse dans le monde

Publié le 18/03/2010




Le Département d’Etat des Etats-Unis vient de faire paraître son rapport annuel sur l’exercice de la liberté de religion dans 194 nations et territoires du monde. Le dossier gros de plus de 1 000 pages en consacre huit au Vietnam. Après un certain nombre de remarques concernant les conditions générales de la croyance et de la pratique religieuse dans ce pays, les auteurs du rapport passent en revue la situation du bouddhisme, du catholicisme et du protestantisme.

Dans la première partie, il est noté que dans l’ensemble du pays, on observe une remarquable augmentation de la pratique et des activités religieuses, phénomène qui provoque la méfiance du pouvoir politique craignant que l’influence religieuse ne menace son hégémonie. Par suite, le pouvoir central s’efforce de contrôler sévèrement la vie religieuse de ses sujets. Le programme annuel des diverses manifestations religieuses doit être déclaré chaque année par les diverses organisations religieuses. Toute rassemblement non habituel doit être formellement autorisé. De plus, la politique religieuse poursuivie par le Parti et l’Etat s’efforce de cantonner les organismes religieux dans le strict domaine du culte.

Pour ce qui est du catholicisme, après un historique sommaire et le rappel des statistiques essentielles, le rapport met en relief un assouplissement du contrôle de l’Etat. Il est affirmé, par exemple, que les prêtres ne seraient plus obligés d’adhérer à l’organisation catholique patriotique et que, de ce fait, cette association serait en plein déclin. Les divers événements qui ont marqué l’histoire de l’Eglise catholique durant les années 1998 et 1999 sont ensuite passés en revue : les visites de la délégation du Saint-Siège, celle de la délégation des évêques des Etats-Unis, la participations des évêques vietnamiens au Synode, les rassemblements de La Vang. Selon le rapport, l’action sociale et éducative de l’Eglise catholique serait de plus en plus visible. Cependant, cette avancée ne va pas sans de nombreuses restrictions. Il est rappelé qu’au moins six religieux catholiques, appartenant à la Congrégation de Marie Corédemptrice, sont encore en détention. Si désormais, prêtres et religieux circulent plus librement qu’auparavant, il ne leur est pas autorisé de pénétrer dans certaines régions habitées par les minorités ethniques, par exemple dans les provinces de Lai Châu et de Son la. On mentionne aussi les limitations qui marquent le recrutement et la formation des séminaristes, l’ordination et la nomination des prêtres.

L’analyse concernant le bouddhisme met l’accent sur l’obligation faite par l’Etat aux bouddhistes vietnamiens d’adhérer à l’Eglise patronnée par le Front patriotique. Elle met en relief les efforts du Bouddhisme unifié pour se dégager de cette emprise des autorités et conquérir son autonomie vis à vis de celles-ci. Mention est faite de la libération de cinq à sept religieux l’année dernière, de la détention dans une pagode du Quang Ngai du vénérable Thich Huyên Quang, et des pressions policières exercées sur le vénérable Thich Quang Dô lors de la visite qu’il fit à son collègue Thich Tri Quang, en mars 1999. Une affirmation du rapport mentionnant que durant “les années 1998, 1999, aucune arrestation de religieux bouddhiste n’avait été rapportée” a été contestée par le “Comité Vietnam pour les droits de l’homme” qui affirme que cette constatation ne rend pas compte des persécutions subies par le Bouddhisme unifié (27). C’est sans doute le passage du rapport consacré aux protestants qui est le plus documenté. Il estime à 600 000 le nombre de protestants dont les deux tiers appartiennent à des minorités ethniques. Les Eglises domestiques jouent un rôle considérable et sont en pleine croissance. Les chrétiens des minorités sont les croyants les plus persécutés du Vietnam. De janvier 1998 à juin 1999, des dizaines de chrétiens h’mongs ont été mis en prison – 15 pour la seule province de Lai Châu – pour avoir participé à des cérémonies religieuses.