Eglises d'Asie

Un renouveau de la violence dans le Nagaland menace la paix et choque les chrétiens

Publié le 18/03/2010




Le meurtre d’un dirigeant politique, Dally Mungro, abattu par balles le 18 août dernier, a vivement choqué les chrétiens et constitue une menace pour la fragile paix qui règne dans le Nagaland depuis la signature d’un cessez-le-feu entre le gouvernement indien et les groupes séparatistes le 1er août 1997 (4), cessez-le-feu renouvelé ensuite plusieurs fois. C’est la première victime de la violence depuis que, le 1er août dernier, à la suite d’un accord entre les deux parties, la cessation provisoire des hostilités a été, une fois de plus, prolongée de six mois. L’événement a provoqué une très vive émotion au sein des Eglises et chez les militants qui, depuis des années, oeuvrent pour la paix en cette région. «L’Eglise est profondément choquée par ce meurtre, a déclaré le pasteur Zhabu Terhuja, secrétaire général du Conseil de l’Eglise baptiste au Nagaland, plus particulièrement à une époque où la population commençait à envisager une solution pacifique à ses problèmes politiques». Il a qualifié l’assassinat d’«abomination contre Dieu » et affirmé que de tels actes ne faisaient qu’exaspérer la situation. Dally Mingro était le secrétaire général de la faction Khalap du Conseil socialiste national du Nagaland (CSNN) et premier ministre du gouvernement de la République populaire du Nagaland. Son assassinat est attribué à la faction rivale du CSNN dirigée par Chisi Swu et Theungelan Muivah.

Dès la proclamation de l’indépendance de l’Inde par les Anglais en 1947, les ethnies Naga avaient demandé l’autonomie et un certain nombre de groupes s’étaient aussitôt lancés dans la lutte armée pour la création d’une nation naga. Pour différentes raisons, le mouvement s’était divisé en factions rivales qui ne tardèrent pas à se livrer une guerre sans merci pour conquérir la suprématie, tout en continuant à se battre contre les militaires fédéraux envoyés dans la région pour réprimer le mouvement d’indépendance. Un cessez-le feu avec l’armée indienne, signé à Atlanta aux Etats-Unis, est maintenant en vigueur depuis 1997. Mais il n’a pas mis un terme à la guerre intestine que se livrent les divers groupes. Un rapport de l’armée indienne estime que, depuis 1997, 140 affrontements violents ont eu lieu entre factions rivales voulant accroître leur zone d’influence. 314 Nagas sont tombés sous les balles, 237 ont été victimes d’enlèvements, 450 ont quitté leur faction pour passer dans un autre camp. Tout récemment, le 22 août, un combat opposant une faction du CSNN à un groupe appelé “Gouvernement fédéral du Nagaland” a causé la mort d’un étudiant non belligérant et blessé trois autres personnes.

L’Eglise au Nagaland travaille en vue d’une solution pacifique et définitive aux problèmes de cette région. Selon les propos de Megosede Khuwukha, aumônier d’une faction du CSNN, elle tente de persuader les militants politiques “que toute perte humaine à l’intérieur d’un groupe est une perte pour toute la nation naga”. Cependant les pasteurs et militants chrétiens se gardent de suggérer une quelconque solution politique. Ils se contentent, comme l’a confié le pasteur Terhuja, de “jouer le rôle de médiateurs en vue de la paix”. Malgré son omniprésence sur ce territoire, l’Eglise manque pourtant de dirigeants possédant des qualités de meneur. C’est pourquoi, les missions de médiation sont souvent vouées à l’échec et suscitent la suspicion chez les militants politiques.

La population du Nagaland est estimée à 1,2 million de personnes, dont 87 % sont chrétiennes, 84 % baptistes et 3 % catholiques. La plupart des dirigeants des mouvements indépendantistes sont baptistes et ont pour devise : “Le Nagaland pour le Christ” (5).