Eglises d'Asie

Une église chrétienne est détruite en représailles pour la profanation d’un temple

Publié le 18/03/2010




Le 28 août, à Lalgadh, à quelque 300 km au sud-est de Kathmandou, une troupe de 500 paysans hindous a démoli une église en guise de représailles pour la prétendue profanation d’un temple. Le jour même, des adeptes de l’armée de Shiva (Shiv Sena), association extrémiste récemment importée de l’Inde au Népal (14), étaient venus dans le village en compagnie de membres d’un groupe parallèle appelé Pasupati Sena (15). Après avoir endoctriné les villageois, il les ont entraînés vers l’église. Celle-ci a été détruite en grande partie tandis que bibles et livres de cantiques étaient brûlés. Un autre établissement d’Eglise a été pillé près de là. Un haut responsable protestant, secrétaire général de l’Association nationale des Eglises du Népal, le pasteur Simon Pandey, a confirmé que l’église n’avait pas seulement été endommagée mais totalement démolie.

Le journal népalais “Gorkhapatra” a publié des déclarations du responsable local de Shiv Sena affirmant que cette démolition était en relation avec la profanation d’un sanctuaire du dieu Shiva souillé avec de l’urine et des excréments humains, la semaine précédente, dans le temple de Daneshwar Mahadev à Lalgadh. Selon le journal, une commission d’enquête a été créée à la suite de cette profanation. Cinq suspects, parmi lesquels trois chrétiens, ont été arrêtés et emprisonnés en attendant les résultats de l’instruction. Un dirigeant hindou Mahaseth a aussitôt demandé que toutes les églises chrétiennes du Népal soient fermées.

La démolition de l’église de Lalgadh a eu lieu deux mois seulement après celle de Bardibas, une localité voisine située à cinq kilomètres de là. Aussi bien certains groupes de droits de l’homme, comme le Forum chrétien du Népal, craignent que d’autres attaques d’églises se produisent dans les jours qui viennent. Un membre du Forum, Karki, a même déclaré : “Toutes ces affaires de profanation ne sont qu’un élément d’un complot visant à détruire nos églises”. Il a fait remarquer que bien avant le récent incident, la presse locale avait fait état de toute une série de profanations de temple. Ce type de nouvelles continue à être colporté puisque le 29 août, le “Katmandou Post” accusait les chrétiens d’avoir dérobé le “trident sacré” du temple de Lalgadh, ce qui constituerait une injure pour tous les hindous du Népal.

Selon le porte-parole du Forum chrétien du Népal, la lecture de certains articles de la presse du pays suscite encore plus d’inquiétude pour un avenir tout proche. Il y est question d’attaques imminentes contre certaines églises et on incite même les lecteurs à y participer. Un journal de Dharan à l’est du Népal a affirmé que les églises du Népal seront détruites à partir du 1er septembre, à commencer par celles de Kakarvitta, à la frontière de l’Inde. La situation est telle qu’une délégation chrétienne se prépare à rencontrer le premier ministre pour lui faire part de ses inquiétudes.

Avertie de ces rumeurs, la police se veut vigilante même à Kathmandou et a noté les adresses des établissements chrétiens. Les responsables de l’église de l’Assomption à Katmandou ont même loué les services de gardes en uniforme pour assurer la sécurité des lieux depuis que l’on a appris de source sûre que le groupe Pasupati Sena était en train de préparer quelque chose contre le lieu sacré.

Certain chrétiens népalais craignent que le déplorable climat qui est en train de se développer contre eux ait été, en partie, créé par l’appel lancé au roi du Népal par une lettre d’un parlementaire britannique. Celle-ci demandait au roi d’user de son influence pour empêcher que les dirigeants chrétiens, en particulier, ceux de l’Alliance chrétienne évangélique du Népal, n’aient à souffrir des attaques des extrémistes.