Eglises d'Asie – Inde
Bihar : une religieuse agressée, menacée de viol, est forcée de boire l’urine de ses trois assaillants
Publié le 18/03/2010
Mgr Henry Thakur, évêque de Bettiah, le diocèse de cette jeune religieuse (dont l’identité n’a pas été dévoilée), a rapporté comment les faits se sont déroulés. Le matin du 20 septembre, la religieuse était partie pour le marché, situé à 10 km du couvent où elle vivait avec trois autres sours, auprès du centre de santé Saint Joseph, à Khalpura, dans le district de Chapra. En l’absence de moyen de transport direct pour se rendre au marché, elle emprunta un tonga, une voiture à cheval, jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche; là, le conducteur d’un triporteur lui demanda où elle se rendait et lui proposa de l’emmener, elle et les deux hommes qui étaient déjà assis dans le véhicule. La sour accepta la proposition. En cours de route, selon les propos de Mgr Thakur, les trois hommes lui “posèrent toutes sortes de questionsIls voulaient savoir pourquoi les sours, originaires de Pondichéry, vivaient dans l’Etat de Bihar alors que plusieurs missionnaires avaient dû subir des attaques là, dans cet Etat et dans différents autres Etats de l’Inde. Ils demandèrent également à la sour le nombre de conversions qu’elles avaient obtenues jusqu’àlors. Enfin, ils lui dirent qu’une fois les élections passées (l’Inde est actuellement en période électorale et les électeurs de l’Etat de Bihar doivent désigner les 54 députés qui les représenteront dans le prochain parlement), ils viendraient au couvent “donner une leçon” aux sours.
La sour protesta vigoureusement quand le chauffeur du triporteur bifurqua et prit une direction qui n’était plus celle du marché, mais les trois hommes la firent taire sous la menace d’un couteau. Après avoir trouvé une mangrove isolée, ils la tirèrent en dehors du véhicule, lui attachèrent les mains dans le dos et la dévêtirent. Mgr Thakur raconte : “Elle m’a dit qu’elle a résisté à leurs tentatives de viol et qu’ensuite ils lui dirent qu’ils l’épargneraient si elle buvait leur urine“.
Après que la religieuse eut vomi le breuvage ingurgité sous la menace, les trois hommes lui rendirent ses vêtements et lui dirent de repartir chez elle. Ils lui ordonnèrent de ne pas crier et de ne pas avertir la police. A deux heures de l’après-midi, la sour, en état de choc, regagnait à pied son couvent. Les religieuses ne purent cependant joindre ni le curé de leur paroisse, ni leur évêque avant le lendemain, leur couvent n’ayant pas le téléphone. Selon Mgr Thakur, la police locale refusa tout d’abord d’enregistrer leur plainte, déposée le 21 septembre, au motif que celle-ci était rédigée en anglais. “Nous n’avons pu déposer sa version en hindi que le lendemain“, rapporte-t-il. La police n’a commencé son enquête que le 23 septembre, et, bien qu’aucune arrestation n’a encore eu lieu, l’évêque de Bettiah a exprimé son soulagement après que le directeur général de la police, au niveau provincial, eut mis sur l’affaire des inspecteurs expérimentés.
Mgr Thakur remarque que cet incident est survenu alors que le Premier ministre du pays, Atal Behari Vajpayee, dirigeant du parti nationaliste hindou au pouvoir, le BJP (Bharatiya Janata Party), était en tournée électorale dans l’Etat de Bihar. On peut aussi noter que cette agression intervient un an presque jour pour jour après le viol de quatre religieuses l’an dernier dans l’Etat du Madhya Pradesh, le 23 septembre 1998 (6).