Eglises d'Asie

Des prêtres entreprennent un jeûne pour appuyer leur demande d’abolition de la loi sur la sécurité nationale

Publié le 18/03/2010




A partir du 7 septembre, une trentaine de prêtres ont entrepris un jeûne communautaire pour demander au gouvernement sud-coréen d’abolir rapidement « la loi de sécurité nationale ». Ces prêtres, dont 18 se sont faits raser la tête, sont tous membres de « l’Association des prêtres catholiques pour la justice » (CPAJ). Ils ont déclaré vouloir continuer ce jeûne jusqu’à ce que la loi soit abolie. Ces trente prêtres ont été rejoints plus tard par un certain nombre d’autres confrères à l’intérieur du Centre catholique jouxtant la cathédrale de Séoul. Après une semaine, ils ont décidé qu’une vingtaine d’entre eux continueraient ce jeûne sur place mais que les autres le poursuivraient dans leur paroisses respectives. Pendant ce jeûne, les prêtres n’absorbent que de l’eau salée.

Dans leur communiqué du 7 septembre, ils ont déclaré que la loi portait atteinte à la dignité et à la liberté de l’homme et qu’elle devait être absolument abolie. D’après cette loi, tout citoyen peut être arrêté et poursuivi à tout moment pour « apologie » ou « activité favorable à l’ennemi » nord-coréen. Depuis la partition de la péninsule coréenne en 1948, les gouvernements sud-coréens ont été souvent critiqués pour avoir utilisé cette loi ambiguë à l’encontre de gens suspectés de dissidence, ou contre des groupes d’opposants à leur politique. Le porte-parole de la CPAJ, le P. Paul Moon Kyu-hyon, (3) a déclaré aux journalistes, le 8 septembre, que, dans le contexte biblique, jeûner signifiait repentance et sacrifice, et que les prêtres voulaient montrer leur repentir pour n’avoir pas encore réussi à supprimer cette loi : « L’année prochaine qui sera l’année du grand Jubilé doit être l’année de l’unité, de la réconciliation et de la paix et nous nous rasons la tête pour confirmer notre volonté d’être des pionniers de l’unité, de la réconciliation et de la paix entre la Corée du nord et celle du sud« . Pour expliquer leurs motivations, les prêtres citent les deux questions posées par Dieu à l’homme dans la Bible : « estu ? » (Gen 3/9) et « est ton frère Abel ? » (Gen 4/9).

D’après le ministère de la Justice, il y avait au mois de juin dernier 321 personnes emprisonnées pour avoir enfreint cette loi. Les prêtres ont commencé leur jeûne deux semaines après que 2 000 catholiques, dont des prêtres et des religieuses eurent publié une déclaration contre cette loi. Datée du 25 août, elle exhortait le gouvernement à abolir cette loi le plus rapidement possible « parce qu’elle viole gravement les libertés de conscience et d’expression« .

Le président Kim Dae-jung avait déclaré dans son allocution du 15 août, jour anniversaire de la Libération, que le gouvernement amenderait la loi sur la sécurité nationale : « Je modifierai cette loi pour qu’elle reflète mieux les changements dans nos relations entre le Nord et le Sud de la Corée. Tout ce qui, dans la loi, est contraire aux droits de l’homme devra être amendé« . Mais pour sa part, le « Grand parti national » revendique et maintient que cette loi est un outil essentiel pour sauvegarder la sécurité nationale. Il accuse même le président Kim de vouloir chercher à créer un « système socialiste« . Quant aux groupes nationaux et internationaux de défense des droits de l’homme, ils militent tous pour son abolition et non pour une simple révision. Avant son élection, le président Kim avait promis plusieurs fois son abolition, en ayant subi lui-même les rigueurs sous les régimes militaires au pouvoir dans le pays de 1960 à 1980.