Eglises d'Asie – Indonésie
L’ensemble des “ulémas” de la province d’Aceh se prononcent pour un référendum sur l’autodétermination
Publié le 18/03/2010
L’initiative des notables musulmans est loin d’être isolée puisque, tout récemment, sept partis politiques ont lancé un appel commun pour que la large autonomie offerte à Timor Oriental à la fin du mois d’août lors de la consultation organisée par les Nations Unies soit étendue à la population d’Aceh. Jamalludin Ahmad, porte-parole de cette coalition de sept partis qui est arrivée en tête des élections du 7 juin, a soutenu la propositions des ulémas : “C’est une demande parfaitement légitimea-t-il déclaré. L’homme politique a insisté sur la représentativité des “ulémascadres religieux qui, dans les villages, dirigent la plupart des institutions éducatives et sociales et, de ce fait, sont en contact direct et permanent avec la population, tout en n’étant soumis à aucune pression politique. M. Ahmad a également souligné que la solution qui avait la faveur des intellectuels de Aceh était un statut d’autonomie à l’intérieur de l’Indonésie, statut analogue à celui de Hongkong, région administrative spéciale au sein de la Chine. Ce statut lui permettrait de bénéficier d’une part plus importante des ressources naturelles de son sol.
L’appel des ulémas de Aceh a été également adressé aux dirigeants des quatre partis musulmans d’Indonésie et à ceux du Nahdlatul Ulama, la plus vaste des associations islamiques du pays. Abdurraman “Gus Dur” Wahid, le président bien connu de cette organisation, parlant du choix des ulémas en faveur du référendum, a déclaré: “Même si elles m’attristent, je dois respecter les conclusions de cette réunion“. Une autre personnalité musulmane de grande notoriété, Amien Rais, président du parti de la mission nationale, a souligné que la revendication d’un référendum par les ulémas et la population de la province faisait partie de leurs droits légitimes.
C’est au milieu des années 1970, que le mouvement de lutte pour un Etat islamique à Aceh s’est éveillé. La répression militaire a été violente et a créé dans la population un très grand ressentiment contre l’armée. La chute de l’ancien président Suharto au mois de mai 1998 et l’arrivée du président Habibie ont donné un nouveau dynamisme aux partisans d’un Etat islamique indépendant. Les premières manifestations avaient eu lieu à Bandar Aceh, le 26 mars dernier, quelques heures à peine avant l’arrivée sur les lieux du président B.J. Habibie (10). L’armée avait ouvert le feu sur les étudiants massés devant la mosquée où le président devait prendre la parole, faisant une dizaine de blessés. Dans les mois qui ont suivi, les éruptions de violence ont été nombreuses et meurtrières (11). On estime que, depuis le mois de mai, 250 personnes sont mortes tandis que 200 000 ont quitté leur résidence à la recherche d’un refuge.