Eglises d'Asie

Les évêques japonais demandent à leur gouvernement de stopper l’aide du Japon à l’Indonésie

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique du Japon condamne le gouvernement indonésien et ses militaires pour les exactions commises au Timor Oriental et demande au gouvernement japonais de supprimer l’aide financière qui a permis à l’Indonésie d’appliquer sa politique de terre brûlée.

Dans deux lettres adressées au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères, le Comité exécutif de la Conférence épiscopale des évêques du Japon et le Conseil épiscopal Justice et paix(JCCJP) demandent avec insistance que l’aide financière accordée à l’Indonésie dans le cadre de l’Aide au développement des pays d’outremer(ODA) soit stoppée. Les deux lettres font remarquer que, bien que le Japon n’ait pas formellement reconnu l’invasion et l’annexion du Timor oriental par l’Indonésie en 1975-1976, il a voté contre la résolution des Nations Unies condamnant les exactions qui y furent commises entre 1975 et 1982.

La lettre des évêques adressée au Premier ministre Keizô Obuchi datée du 10 septembre, affirme que l’assistance financière du Japon dans le cadre de l’ODA est contraire aux statuts de cette organisation et conduit l’opinion internationale à accuser le Japon de collaboration occulte avec l’Indonésie dans son invasion et son occupation du Timor Oriental“. Ce qui devrait amener le gouvernement japonais à exercer l’influence la plus forte pour pousser le gouvernement indonésien, à arrêter massacres ou autres exactions, à remettre le pouvoir législatif et le maintien de l’ordre au Timor Oriental entre les mains des Nations UniesElle demande également que le gouvernement exige une enquête minutieuse sur les violations des droits de l’homme par l’armée indonésienne, la police et la milice“. Cette lettre, signée par le Président de Comité exécutif, Mgr Kaname Shimamoto, archevêque de Nagasaki, demande l’arrêt immédiat de l’assistance financière à l’Indonésie par le Japon et toute autre nationafin d’obliger ce pays à composer.

Le Comité Justice et paix, quant à lui, dans une lettre du 8 septembre au ministre des Affaires étrangères Masahiko Kômura, note que le Japon était le plus grand bienfaiteur étranger de l’Indonésie. Le Comité exécutif et le JCCJP accusent l’un et l’autre les militaires indonésiens d’avoir participé directement aux violences qui ont submergé le Timor Oriental. Sour Yôko Nakamura, qui y réside, a affirmé aux journalistes de UCA News, que l’aide de l’ODAJapon n’avait pas été utilisée pour le peuple.elle a servi à renforcer le contrôle indonésien sur le Timor Oriental“, citant comme exemple, les fonds d’origine japonaise utilisés pour l’installation d’un système de surveillance et de communication au Timor occidental et au Timor Oriental pouvant bloquer toute circulation d’informations“.

A Tokyo, le 9 septembre, devant l’ambassade d’Indonésie, les catholiques ont célébré une messe avec banderoles, bougies, croix et fleurs à la mémoire des personnes tués au Timor Oriental. Des moines bouddhistes étaient présents avec leurs tambours pendant que d’autres, solidaires, priaient en silence. A cette occasion, plus d’une vingtaine d’organisations non gouvernementales dont le JCCJP ont signé une lettre adressée au gouvernement indonésien lui demandant d’avoir une attitude responsable et de laisser les Nations Unies intervenir immédiatement pour arrêter les massacres du Timor Oriental“. Nous sommes profondément choqués, attristés et outragés devant cette situation de violence et les massacres perpétrés contre des citoyens par les miliciens progouvernementaux, soutenus par des éléments militaires et policiers indonésiens“. Après avoir demandé l’intervention des Nations Unies et une enquête approfondie sur ce qui s’est réellement passé, leur lettre se termine par une supplique au président Habibie : qu’il honore sa promesse de respecter le désir du peuple et se conforme aux résultats du référendum“.