Eglises d'Asie

DOSSIER A PROPOS DE L’APPEL DES RELIGIONS POUR LA LIBERTE RELIGIEUSE

Publié le 18/03/2010




I – APPEL DES RELIGIONS POUR LA LIBERTE RELIGIEUSE AU VIETNAM

Conformément à la déclaration internationale des droits de l’homme des Nations Unies qui reconnaît l’ensemble des droits de l’homme, spécialement la liberté religieuse, déclaration à laquelle la République socialiste du Vietnam a souscrit,

Conformément à l’article 70 de la Constitution de la République socialiste du Vietnam qui, en toute clarté, prévoit l’exercice de cette liberté,

Nous, soussignés, membres du clergé des religions du Vietnam, demandons aux autorités

1 – d’abandonner l’article 4 de la Constitution, obligeant tous les citoyens à suivre le socialisme, doctrine qui préconise l’athéisme, source de toutes les atteintes à la liberté de religion,

2 – d’abandonner le décret 26/4/99 concernant les activités religieuses, ainsi que la lettre d’application 01/99 publié le 16/6/1999, car ces deux documents portent gravement atteinte à la liberté des personnes du peuple dans leurs activités religieuses, par la limitation des lieux de culte religieux, par l’interdiction de transformation des propriétés ordinaires en établissements de culte, par l’obligation de solliciter l’autorisation pour ceux qui veulent mener une vie religieuse, etc.

3 – de restaurer le statut juridique des religions tel qu’il était avant 1975 et tel qu’il existe dans les pays libres du monde.

a – Particulièrement, de reconnaître aux Eglises le droit d’accueillir librement dans les maisons religieuses les croyants qui en ont la vocation,

b – de rendre aux Eglises les terres dont elles étaient autrefois propriétaires, leur reconnaître le droit d’accepter les biens offerts par les croyants, le droit d’acheter les biens immobiliers,

c – de reconnaître le droit aux Eglises de construire des établissements de culte, des établissements caritatifs et éducatifs sur leurs propres terrains.

d – La consécration et la nomination des membres du clergé est entièrement du ressort des Eglises. Il est seulement nécessaire d’avertir les autorités du changement de poste des intéressés, afin qu’elles facilitent le déplacement.

e – Les religions au Vietnam sont les représentantes d’une majorité de nos compatriotes. C’est pourquoi, les autorités sont priées de consulter les membres de leur clergé sur les questions concernant les Eglises, pour éviter des divergences dans la pratique.

II – COMMUNIQUÉ DE L’INSTITUT DE LA PROPAGATION DU DHARMA

Ces derniers jours, le bureau de l’Institut de la propagation du Dharma a reçu de nombreux articles de journaux ou de dépêches transmises par Internet, relatives à ma signature, à moi, Thich Quang Dô, recteur de l’Institut de la propagation du Dharma, signature apposée à un texte intitulé « Appel des religions pour la liberté de religion au VietnamCertains articles portent sur la campagne commune pour la liberté de religion dans le pays. D’autres comportent des nouvelles inexactes, ou des commentaires subjectifs non fondés sur la vérité qui pourraient prêter à de dangereuses confusions. Malgré la rectification apportée le 26 septembre 1999 par le Bureau international d’information bouddhiste auquel j’ai eu recours, des nouvelles malsaines continuent d’être émises.

Quelle est l’origine de cette affaire ? Il y a quelque temps, quelques personnalités religieuses sont venues me voir, parmi lesquelles le prêtre Chân Tin et M. Lê Quang Liêm, pour m’entretenir de la question religieuse au Vietnam. Naturellement, j’approuvai l’excellente intention de faire asseoir ensemble les représentants des religions pour envisager une action commune face à la décadence morale de la société et à l’absence de liberté des activités religieuses. De ces rencontres naquit l’idée de publier une déclaration commune. J’ai émis l’opinion que pour que celle-ci soit efficace et qu’elle soit entendue, il fallait la participation de personnalités tenant une fonction officielle dans les Eglises. Pour ce qui concerne l’Eglise catholique, j’ai posé comme condition de ma participation la présence du cardinal Pham Dinh Tung. Chacun a été d’accord et a accepté ma condition. Le P. Chân Tin a fait savoir qu’il était un ami du cardinal et s’est chargé de le contacter.

Un peu plus tard, l’intermédiaire entre le P. Chân Tin, M. Lê Quang Liêm et moi est venu me voir au Bureau de l’institut de propagation du Dharma. Il était chargé par le P. Chân Tin et M. Lê Quang Liêm de me proposer de signer d’abord, car m’a-t-on affirmé, si je ne signais pas, le P. Chân Tin n’aurait pas de preuves lui permettant de convaincre le cardinal. Pour la cause et par confiance, je signais, mais avec une condition, la suivante : c’était par égard pour les paroles du P. Chân Tin et pour l’aider que je signais. Mais dans le cas où le cardinal ne voudrait pas signer, il faudrait retirer ma propre signature et ne l’utiliser à aucun autre usage. J’ai donc signé en présence de l’intermédiaire et en l’absence de M. Lê Quang Liêm et du P. Chan Tin, selon leurs conseils.

Dans l’après-midi du 23 septembre 1999, l’intermédiaire est revenu me voir et m’a informé que le P. Chân Tin était de retour de Hanoi. J’ai aussitôt demandé si Mgr Pham Dinh Tung avait signé. Il m’a répondu que non. Je lui ai alors demandé de dire au P. Chân Tin et à M. Lê Quang Liêm de ne pas diffuser le texte signé par moi et de le récupérer pour moi comme ils s’y étaient engagés.

Mais le 25 septembre, M. Lê Quang Liêm est venu dans mon bureau m’avertir que le P. Chân Tin avait envoyé le texte la veille et que lui-même l’avait envoyé par fax à l’étranger. J’en fus extrêmement étonné et mécontent. J’ai dit à M. Liêm : « Ainsi, vous n’avez pas tenu vos engagements et agi incorrectement. Je demanderai au Bureau international d’information bouddhiste d’élever la voix pour invalider cette signature. Utiliser ainsi ma signature est un procédé frauduleuxM. Liêm m’a demandé de faire en sorte que, si cette rectification avait lieu, son ton soit mesuré.

Voilà toute la vérité …

Quant à la campagne pour la liberté de la religion, pour la récupération des biens d’Eglise que l’Etat s’est approprié après 1975, contre les lois et décrets destinés à éliminer la religion, il y a longtemps qu’elle est menée par l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam. 12 religieux et religieuses se sont collectivement sacrifiés par le feu le 2 novembre 1975 à la pagode Duoc Su de Can Tho pour la liberté religieuse et les droits de l’homme. Il y a au beaucoup d’autres actions. Le vénérable Thich Huyên Quang, administrateur de l’institut supérieur du clergé a exposé publiquement nos revendications dans une « Revendication en cinq points » envoyé au Parti, à l’Etat et porté à la connaissance de l’opinion internationale le 25 juin 1992. L’abandon de l’article 4 de la constitution, avait été demandé par le vénérable Thich Huyên Quang dans sa « déclaration pour l’abolition du fléau national et de la persécution religieusedéclaration publiée dans le monde entier le 20 novembre 1993, reprise et soutenue par la presse internationale et présentée par notre représentant devant les Nations Unies.

Tous ces faits montrent que notre Eglise a toujours soutenu avec ardeur la liberté religieuse, les droits de l’homme et la démocratie. Les religions doivent unir leurs efforts pour mener à bien leur tâche sublime, la défense de la dignité humaine. Mais Il faut savoir écouter les opinions de chacun et travailler avec rigueur. Nous devons mettre en oeuvre l’esprit démocratique, en premier lieu, entre nous.

Saigon, le 30.09.1999

Le recteur de l’Institut de la propagation du Dharma

Sa môn Thich Quang Dô

III – LETTRE DU PERE CHAN TIN

Saigon, le 5 octobre 1999

Chers amis,

Voilà un mois, aujourd’hui, que l' »Appel des religions pour la liberté religieuse au Vietnam » a commencé à être signé. Le 24 septembre, il a été envoyé à M. Trân Duc Luong, président du pays, à M. Phan Van Khai, premier ministre et à M. Nong Duc Manh, président de l’Assemblée nationale. Le 3 octobre, j’ai reçu un récépissé me certifiant que la lettre était parvenue à ses trois destinataires. J’écris ces quelques lignes pour mettre au clair divers développements en rapport avec ce texte.

1 – Avant de rédiger cet appel, j’avais rencontré quelques évêques et prêtres et évoqué une éventuelle prise de parole publique de l’Eglise catholique à propos du décret 26/1999/ND-CP et de la lettre d’application 01/1999/TT-TGCP. Tous souhaitaient qu’il y ait une réaction publique de l’Eglise. Voyant les choses traîner, j’ai eu l’idée de consulter le vénérable Thich Quang Dô de l’Eglise bouddhiste unifiée, M. Lê Quang Liêm, chef de l’Eglise bouddhiste Hoa Hao, M. Trân Quang Châu de l’Eglise caodaïste du centre et un pasteur protestant afin que cinq religions lancent ensemble un appel commun. La rédaction de cet appel me fut confiée. Je transmis ensuite le texte de l’appel à un « proche » du vénérable Thich Quang Dô pour qu’il le lui montre ainsi qu’à messieurs Lê Quang Liêm et Trân Quang Châu. Après avoir révisé le texte de l’appel, ce fut le religieux bouddhiste qui signa le premier ce document. Il fut porté ensuite par le même intermédiaire à M. Liêm pour qu’il le signe. Quelques jours plus tard la même personne vint trouver M. Châu pour lui demander sa signature.

Je n’ai jamais entendu l’intermédiaire me dire que le vénérable Thich Quang Dô exigeait que la signature du cardinal Pham Dinh Tung comme condition nécessaire à l’envoi de l’appel aux dirigeants de l’Etat et à la presse. Si la signature du cardinal a été demandée, c’est parce que je le désirais. Comme nous le savons, le cardinal a manifesté son accord avec le contenu de l’appel, mais n’a pas signé parce qu’il est président de la Conférence épiscopale et que la Conférence épiscopale ne se réunissait qu’au mois d’octobre. Voyant cela, je signai moi-même l’appel, à titre individuel mais aussi au titre de « reflet des revendications des catholiques ». Le 24 septembre, j’envoyais l’appel aux dirigeants de l’Etat et à la presse.

2 – Le communiqué de presse du Bureau international d’information bouddhiste, du 26 septembre 1999 affirmait que « le vénérable Thich Quang niait avoir signé au bas de la déclaration des quatre religions » et ajoutait : « Même si l’on voit ma signature sur des textes qui ne sont pas publiés par les soins de l’institut de la propagation du Dharma, considérez la comme un faux. Ainsi, de propos délibéré, on a voulu saboter l’union des religions s’efforçant de lutter ensemble pour les droits de l’homme et spécialement pour la liberté religieuse. Dire que le vénérable Thich Quang Dô avait téléphoné en France pour dire cela, en premier lieu portait atteinte à la conduite morale d’un religieux et d’un dirigeant religieux. Le religieux qui avait signé ne pouvait nier l’avoir fait et, ne pouvait, de plus, accuser un autre de fausse signature. Par ailleurs, Il n’était pas possible que le religieux prononce des paroles résolument attentatoires à l’honneur de ceux qui avaient signé avec lui.

3 – Ensuite, dans la presse et les radios étrangères, le vénérable Thich Quang Dô a reconnu avoir signé, se plaignant seulement que le texte ne portât pas la signature du cardinal Pham Dinh Tung, ce dont le religieux n’avait pas été averti avant l’envoi de l’appel. Quant à la condition mise par lui à l’envoi de la lettre, à savoir qu’elle porte la signature du cardinal, je n’en ai jamais eu connaissance. Il se peut que le religieux en ait parlé à son « proche », mais celui-ci ne m’en a pas informé, y compris lorsqu’il a appris que le cardinal ne signerait pas et que je me préparais à envoyer l’appel.

4 – Voyant cela, M. Lê Quang Liêm et moi-même avons rédigé un « éclaircissement« , le 28 septembre 1999, précisant : « Le 5 septembre 1999, le vénérable Thich Quang , recteur de l’institut de la propagation du Dharma, et nous autres, Chân Tin, Quang Liêm et Trân Quang Châu avons cosigné le texte intitulé ‘Appel des religions pour la liberté religieuse’

5 – Le 29 septembre 1999, le bureau d’information bouddhiste à l’intérieur du pays publiait un nouveau communiqué. Tout en reconnaissant implicitement que le vénérable Thich Quang Dô a signé l’appel, le communiqué ajoutait que le religieux avait exigé la signature du cardinal figure sur le document pour que lui aussi s’associe aux signataires. Comme je l’ai dit plus haut, de même que les deux autres signataires, je n’ai jamais été au courant de cette condition. De plus, le vénérable a signé le premier. Depuis le jour de sa signature jusqu’au jour de l’envoi de la lettre, deux semaines se sont écoulées. Si cet incident a eu lieu, c’est que les intentions du vénérable Thich Quang Dô ne m’ont jamais été transmises. Ce n’est que plus tard, à travers le communiqué du 29 septembre que j’en ai eu connaissance.

Chân Tin