Eglises d'Asie

Elections générales : les responsables chrétiens acceptent le verdict des urnes et “n’ont pas peur” du nouveau gouvernement de coalition emmené par le BJP

Publié le 18/03/2010




Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), a félicité par téléphone, le 9 octobre, Atal Behari Vajpayee au lendemain de la victoire remportée aux élections générales par la coalition emmenée par le Bharatiya Janata Party (BJP). L’archevêque de New Delhi a souhaité au premier ministre indien de promouvoir avec succès le développement et la paix.

Le P. George Pereira, secrétaire général adjoint de la CBCI, a pour sa part précisé que l’Eglise n’avait pas été, par le passé, satisfaite du gouvernement dirigé par le BJP. De nombreuses personnes soucieuses de maintenir un Etat laïque ne voulait pas voir ce parti gagner les élections à nouveau. Mais le peuple s’est exprimé et nous respectons le verdict des urnes.”

Tout en rappelant que les attaques et les atrocités commises à l’encontre des minorités religieuses ont augmenté depuis mars 1998, date de l’arrivée au pouvoir du BJP à New Delhi, et que les chrétiens ont recensé plus de 100 cas de violence contre des missionnaires (dont six meurtres) au cours de ces treize derniers mois, le P. Pereira a précisé que nous [les catholiques] n’avons pas peur. L’Eglise, au cours des 2 000 ans de son histoire, n’a jamais eu peur d’aucun gouvernement ou dirigeant en particulier encore moins si ces derniers ont été démocratiquement élus.”

Selon le jésuite Walter Fernandes, qui travaille à New Delhi comme sociologue à l’Institut social indien, les minorités religieuses appréhendent bien entendu la politique du nouveau gouvernement mais, ajoute-t-il, nous avons vécu des moments plus tendus et les dernières élections représentent la mort de l’idéologie au sein des partis politiques.” L’Alliance démocratique nationale (NDA), emmenée par le BJP, regroupe en effet pas moins de 24 partis politiques différents et n’a pas de programme politique défini.

Mgr Jose Mukala, évêque de Kohima, dans l’Etat du Nagaland, au nord-est du pays, s’est montré plus réservé. Selon lui, les chrétiens ont souffertsous le gouvernement BJP précédent et ils n’attendent aucune amélioration [de ce gouvernement]”. Les meurtriers des missionnaires courent toujours“, a-t-il précisé.

Avec ces nouvelles élections générales, les troisièmes en trois ans, la NDA a remporté une nette victoire avec 304 sièges au parlement sur un total de 543 et le BJP reste le principal parti de cette assez disparate coalition. Avec 182 sièges, le parti nationaliste pro-hindou conserve exactement le même nombre de députés par rapport à la chambre sortante. Les observateurs notent qu’au sein de sa coalition de 24 partis, le premier ministre sera obligé, pour conserver sa majorité, de compter avec la centaine de députés représentant 14 partis non-confessionnels.

Le principal parti de l’opposition, le Parti du Congrès, à qui, traditionnellement, les chrétiens apportent leurs suffrages, essuie lui une défaite sans conteste, avec seulement 112 députés, son score le plus faible depuis 1947. Sonia Gandhi sauve son siège au parlement en remportant sans difficulté la majorité des voix dans les deux circonscriptions où, comme le lui autorise la loi, elle se présentait.