Eglises d'Asie

L’archevêque de New Delhi reproche au gouvernement sa passivité devant la violence déchaînée contre les chrétiens

Publié le 18/03/2010




Une lettre du président de la Conférence épiscopale catholique indienne, envoyée le 24 septembre au Premier ministre, Atal Behari Vajpayee, a déploré le silence et la passivité des autorités fédérales indiennes face aux attaques anti-chrétiennes, qui se sont multipliées sur tout le territoire du pays durant la période des élections. S’adressant au chef du gouvernement, Mgr Alan de Lastic a écrit : “Il n’y a eu aucune réaction, pas plus de votre part que de celle de votre gouvernement

L’archevêque a énuméré un certain nombre de faits récents, déjà largement couverts par la presse nationale et internationale. Il a d’abord mentionné l’agression commise dans l’Etat du Bihar, le 20 septembre dernier, contre une religieuse qui, sous la menace d’un couteau, a été contrainte de boire l’urine de ses agresseurs (). Cet acte odieux perpétré alors même que le Premier ministre faisait campagne dans cet Etat de l’est de l’Inde, au nom de l’Alliance démocratique nationale qu’il préside, était certainement destiné à souiller le caractère sacré de la vie religieuse, et constitue une atteinte à la dignité humaine et une insulte à la femme indienne, a commenté Mgr de Lastic. Il a ensuite rappelé le tragique assassinat dans l’Orissa, le 2 septembre dernier, du P. Arul Doss, transpercé d’une flèche par un groupe d’hommes masqués appartenant sans doute à un groupe d’hindous extrémistes (). Il a aussi évoqué les mauvais traitements infligés à un prêtre et à son catéchiste au mois d’août () dans l’Etat de Rajasthan. Ces derniers avaient été forcés de s’incliner devant une divinité hindoue et menacés de mort s’ils continuaient leurs activités missionnaires.

L’archevêque de Delhi, qui est membre du Conseil national pour l’intégration, a déclaré qu’il était contraint d’exprimer publiquement l’inquiétude qu’il éprouvait pour la communauté chrétienne, contre laquelle la violence ne cessait de grandir. Il a également écrit à la Commission nationale des droits de l’homme pour lui demander d’enquêter sur les agressions dont sont victimes les chrétiens, et d’entamer une action immédiate.

Dans ses discours électoraux, le Premier ministre avait promis que le prochain gouvernement de l’Alliance démocratique protégerait les droits des minorités et s’abstiendrait de toute discrimination à l’égard de celles-ci. Le 18 septembre dernier, dans l’Orissa, il avait certifié aux journalistes que ni le BJP (Parti majoritaire au sein de l’Alliance démocratique), ni le Sangh Parivar (rassemblement de divers groupes pro-hindous) n’étaient impliqués dans les meurtres de chrétiens. Il avait également nié que l’extrémisme hindouiste ait pu être encouragé par l’appel à un débat sur les conversions, qu’il avait lui-même lancé au plus fort de la vague de violences anti-chrétiennes, au début de l’année, dans l’Etat de Gujarat.