Eglises d'Asie

Le ministère de l’Intérieur somme un institut de recherche dirigé par les jésuites de s’expliquer sur la nature « politique » de son travail

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement indien, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste pro-hindou, a demandé à l’Institut social indien (ISI), un institut de recherches sociales installé à New Dehli et dirigé par les jésuites, de s’expliquer sur la nature « politique » de son travail. L’ISI relie entre elles quelques centaines de petites organisations non-gouvernementales impliquées dans des programmes de développement, dans le but de contribuer au bien-être socio-économique des aborigènes, des basses castes, des dalits (ex-intouchables) et autres catégories défavorisées.

Le 27 septembre dernier, le ministère fédéral de l’Intérieur a envoyé une notification à l’ISI, l’enjoignant à « démontrer » dans un délai de 30 jours pourquoi il ne devrait pas être considéré comme « une organisation de nature politique« . Invoquant Foreign Contribution (Regulation) Act, une loi promulguée en 1976, stipulant qu’aucune organisation de nature politique ne peut accepter de fonds en provenance de l’étranger sans autorisation préalable du gouvernement, le ministère de l’Intérieur demande à l’ISI de démontrer pourquoi et comment il ne tombe pas sous le coup de cette loi.

La lettre des autorités fédérales indiennes précise que, durant les élections générales qui viennent de s’achever, l’ISI « a été associé à certaines publicités parues dans la presse et à certains documents dont le contenu est de nature politique« .

Selon le directeur de l’ISI, le P. Ambrose Pinto, jésuite, cette mise en demeure du ministère de l’Intérieur marque « le point culminant » du mécontentement du gouvernement face à « la conscientisation sociale provoquée chez les gens par le travail des ONG« . Au cours de la campagne électorale en septembre-octobre, l’ISI a bien coordonné le travail d’une quarantaine d’ONG demandant, par le biais de la publication d’« un agenda des gens« , l’interdiction de toutes les organisations politiques fondamentalistes. Mais le P. Pinto s’est défendu de poursuivre un objectif politique. « L’ISI, a-t-il précisé, a critiqué des réalités qui ne sont pas en accord avec la Constitution indienne et s’est opposé aux violations des droits de l’homme. Mais l’institut n’a jamais adopté une attitude partisane. »

Rejetant fermement les accusations selon lesquelles l’ISI poursuit un but politique, le P. Pinto a ajouté que la réponse de son institut à cette mise en demeure serait envoyée au ministère de l’Intérieur à la mi-octobre, après la constitution du nouveau gouvernement.

Selon certains responsables d’Eglise, ces pressions exercées sur l’ISI tout comme la centaine de cas de violences anti-chrétiennes recensés l’an dernier sont le fruit de l’irritation des hautes castes à l’encontre des missionnaires chrétiens qui, par leur travail, remettent en cause l’ordre social justifiant le système des castes et l’analphabétisme.