Eglises d'Asie

A quelques jours de l’arrivée du pape à New Delhi, les prises de position se multiplient pour demander au gouvernement d’assurer la sécurité et la sérénité de cette visite

Publié le 18/03/2010




Comme ils l’avaient annoncé, des hindous extrémistes ont commencé le 20 octobre leur marche à travers l’Inde qui doit les mener de Goa à New Delhi le 4 novembre, veille de l’arrivée du pape dans la capitale indienne, marche destinée dans leur esprit à protester contre les supposés abus et atrocités commis par les catholiques en Inde ces quatre cent dernières années (6). C’est dans ce contexte que les prises de position se multiplient pour demander au gouvernement de coalition emmené par le BJP, parti pro-hindou, de veiller à ce que la visite de Jean Paul II en Inde, du 5 au 8 novembre, se déroule dans le calme et la sérénité.

Le 22 octobre, dans un communiqué commun, différents responsables religieux, dont un important chef hindou, ont appelé le peuple indien à répondre à la visite du pape, un événement historique“, dans le vrai esprit de nos traditions religieuses, qui, toutes, nous enseignent l’amour de chacun pour chacun et nous engagent à tous nous traiter avec respect et courtoisie“. Ce communiqué est signé par Jagatguru Sankaracharya Swami Madhavanand Saraswati Ji Marahaj, un des quatre principaux chefs religieux hindous du pays, par Maulana Wahidduddin Khan, responsable musulman, par Mohinder Singh, responsable Sikh, par Acharya Nagrajji, moine Jain, et enfin par Valson Thampu, pasteur protestant.

Le communiqué demande au gouvernement de s’assurer que rien ne puisse arriver qui détourne les attentions de la signification spirituelle [de la visite du pape]”. Pour sa part, le chef hindou Sankaracharya, signataire du communiqué, a qualifié la marche de protestation, organisée par le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), la principale faction de la nébuleuse extrémiste hindoue, de tentative visant à tirer un avantage politique et communautariste de cet événement religieux“.

La presse s’est fait l’écho de cette mobilisation. On pouvait lire dans un éditorial daté du 20 octobre de Pioneer, un quotidien de New Delhi réputé pro-hindou, que la marche de protestation organisée par le RSS mérite la plus sévère condamnation“. Les chrétiens ont grandement contribué à la vie de notre payset toute violence à leur encontre ne serait pas seulement une défaite de la politique laïque de l’Indemais ternirait aussi l’image internationale du pays, pouvait-on encore lire.

Face à ces prises de position, le ministre de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, a réagi le 23 octobre en qualifiant d’ inappropriéela campagne organisée pour s’opposer à la visite du pape en Inde. Une telle opposition est inappropriée si quelqu’un est un invité d’Etat. Le pape Jean Paul II se rend en Inde en visite d’Etat,” a-t-il notamment déclaré. En réponse aux questions des journalistes, Lal Krishna Advani, lui-même proche des milieux hindous extrémistes, a tenu à se distancier des organisateurs de la marche de protestation en déclarant : Je ne connais pas ceux qui organisent cette marche.”

Deux jours plus tard, le 25 octobre, le parti Telugu Desam, un des principaux partis de la coalition dirigée par le BJP actuellement au pouvoir, a exprimé sa désapprobation face à l’inaction du gouvernement. Son chef, N. Chandrababu Naidu, qui est également gouverneur de l’Etat de l’Andhra Pradesh, a déclaré : Toute agitation contre la visite du pape est injustifiée et n’apportera qu’une mauvaise réputation au pays.” Le parti de N. C. Naidu détient 29 sièges au parlement fédéral, 29 sièges qui font du Telugu Desam le principal allié du BJP au sein de la coalition dirigée par le Premier ministre Atal Behari Vajpayee.