Eglises d'Asie

Dipolog : dans un conflit foncier, le diocèse catholique soutient une minorité ethnique qui réclame sa terre ancestrale

Publié le 18/03/2010




La commission “Justice et paix” du diocèse de Dipolog, dans la partie orientale du Mindanao, se prépare à intenter un procès à un officier de police ayant utilisé la violence pour disperser un groupe d’aborigènes, appartenant à l’ethnie Sunbanen, qui s’efforçaient de bloquer l’entrée d’un site de forage à Siocon sur la côte est de l’île, et d’interdire son exploitation par une compagnie étrangère “Toronto Ventures, Inc.” (TVI).

En réalité, ce sont des ouvriers mineurs qui avaient commencé le blocus du site au début d’août après avoir appris que la compagnie TVI avait l’intention d’effectuer des forages dans cette région exploitée pour son or depuis 1994. A la suite d’une décision d’un tribunal local leur enjoignant de quitter les lieux, les ouvriers se retirèrent. L’Association des Sunbanen de Sioco prit alors le relais des mineurs et continua le blocus des lieux. L’ethnie Sunbanen revendique en effet le terrain et affirme que cette exploitation minière de 2 000 hectares est située au sein des 6 000 hectares d’une région considérée par elle comme sa terre ancestrale. Cette propriété lui a été reconnue en 1997 par le Département de l’environnement et des ressources naturelles.

L’opération policière a été décidée le 6 septembre pour faire appliquer la décision d’un tribunal local, datant du 17 août, ordonnant aux mineurs de démanteler la barricade élevée par eux et de permettre à la compagnie de poursuivre ses activités de forage. Or, à cette époque les mineurs avaient levé le siège, remplacés par les membres de l’ethnie Subanen. L’opération menée par l’officier de police Ochotorena a été fort brutale. Un membre de la Commission Justice et paixqui se trouvait là a été frappé puis menotté durant la dispersion. Les aborigènes qui montaient la garde ont été rossés à coups de baguettes en rotin.

Cependant dès le 13 septembre, l’Association des Subanen de Sioco a remis en place les barricades. Ses membres sont décidés à poursuivre le siège jusqu’à l’arrêt des opérations de forage par la compagnie. Cette dernière, d’origine canadienne, affirme son droit à mener ses activités de forage dans cette région, droit qui lui a été donné par un accord qui date de 1997. Le responsable de la compagnie ajoute que l’opération de dispersion du 6 septembre s’est effectuée sans violence. Il a accusé diverses associations humanitaires d’avoir répandu de fausses informations au sujet de cet incident. Aucune compagnie étrangère ne serait assez téméraire pour recourir à la violence

Le P. Bael de Justice et paixest en train de rechercher les services d’un avocat capable d’aider la population aborigène dans un procès contre la police. La tâche s’avère difficile, car les avocats experts en droit des minorités sont rares et les finances du diocèse sont pauvres. La Commission Justice et paixcontinue de rassembler les pièces du dossier et recueille les procurations des victimes. Elle travaille en coordination étroite avec la Commission des droits de l’homme de Zamboaga. L’évêque du lieu, Mgr Jose Manguiran, s’est engagé personnellement et soutient la résistance de la population Subanen par des envois de vivres et d’argent.