Eglises d'Asie

L’Eglise catholique accueille favorablement l’élection d’Abdurrahman Wahid à la présidence et de Megawati Soekarnoputri à la vice-présidence de la République

Publié le 18/03/2010




Le 20 octobre, quelques heures après que l’Assemblée consultative du peuple eut porté Abdurrahman Wahid à la présidence de la République d’Indonésie, le président de la Conférence épiscopale indonésienne et son secrétaire général, respectivement Mgr Josephus Suwatan, de Manado, et Mgr Johanes Hadiwikarta, de Surabaya, ont envoyé un message de félicitations au nouveau président.

Mgr Hadiwikarta a déclaré que A. Wahid est un démocrate acceptable par tous les groupes et partis en Indonésie, y compris les minorités, nombreuses au sein d’une société indonésienne caractérisée par sa diversité. Le secrétaire général de la Conférence épiscopale indonésienne a émis le souhait que le nouveau président poursuive une politique d’ouverture envers les groupes minoritaires.

L’élection d’Abdurrahman Wahid, connu en Indonésie sous le surnom familier de Gus Dur, et celle de Megawati Soekarnoputri, fille de feu le président Soekarno, consacrent l’alliance de deux des trois principaux courants de la vie politique indonésienne. A. Wahid, âgé de 59 ans, est en effet le président de la plus puissante des organisations musulmanes, la Nahdlatul Ulama, forte de près de 30 millions de membres ; s’appuyant sur le Parti du réveil national qu’elle a fondé, cette association revient avec succès sur la scène politique d’où l’avait chassé l’ex-président Suharto (9). La Nahdlatul Ulama représente, sur un plan religieux, un islam traditionaliste, proche des confréries soufies, garant du sunnisme traditionnel. Sur un plan politique, elle regroupe des milieux divers dont certains suivent une orientation extrêmement libérale. Megawati Soekarnoputri, et son parti, le Partai Demokrasi Indonesia Perjuangan (Parti démocratique indonésien de lutte), représente, elle, les milieux nationalistes et modernistes indonésiens. Comme son père, elle est sans ambiguïté nationaliste. Moderniste, elle regroupe autour d’elle des économistes qui veulent mettre l’Indonésie sur la voie d’un vrai développement économique et des hommes politiques parfois chrétiens, souvent favorables à une forme de laïcisation de la vie politique.

Le troisième grand courant de la vie politique indonésienne se retrouve un peu marginalisé, sans être pour autant absent de la scène politique. La ligue Muhammadiyah, la seconde très importante organisation musulmane avec près de 28 millions de membres, est en effet absente des principaux postes de responsabilité de l’Etat indonésien. Son chef Amien Rais a bien été porté à la tête de l’Assemblée consultative populaire, mais c’est Akbar Tandjung, le président du Golkar, le parti de l’ex-président Suharto, qui a été élu président de la Chambre des représentants, la chambre élu au suffrage universel le 7 juin dernier. Paradoxalement, Amien Rais, musulman réformiste, paye sans doute le fait d’avoir été à la fois trop proche pendant trop longtemps de l’ex-président Suharto et l’un des artisans de sa chute.