Eglises d'Asie

“REJOUISSEZ-VOUS !” LETTRE COMMUNE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU VIETNAMA L’ENSEMBLE DU PEUPLE DE DIEU A L’OCCASION DE L’ANNEE SAINTE 2000

Publié le 18/03/2010




Aux prêtres, religieux et religieuses, séminaristes

et à tous nos frères et sours laïcs

Frères et sours,

L’an 2000 nous ouvre les perspectives d’un monde objet de notre espérance mais aussi de nos inquiétudes. L’espérance est motivée par les réalisations scientifiques auxquelles nous sommes parvenus, le respect toujours grandissant porté à l’homme, le développement incessant des relations internationales. L’inquiétude est provoquée par l’expansion de fléaux sociaux, l’émergence de guerres ethniques et religieuses, le développement de maladies difficiles à guérir qui menacent le monde, le déclin des normes morales.

Pour que nous soyons équipés spirituellement en entrant dans le nouveau millénaire, notre Mère l’Eglise se prépare à nous faire bénéficier d’une année où la grâce du Seigneur nous sera donnée à profusion. Au seuil de l’an 2000, nous, les évêques de tout le pays, rassemblés pour notre réunion annuelle, nous vous envoyons nos salutations et notre souhait : Réjouissezvous !”

1 – PAR LES TROIS PERSONNES DIVINES

Réjouissons-nous, car lorsque nous tournons notre regard vers les 2000 années passées, nous y contemplons l’histoire de l’amour et de la grâce. L’univers déborde de la grâce de Dieu. La vie est enveloppée par l’amour de Dieu : “… il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle(Jn 3,16). Le salut est venu à nous par Jésus Christ mort pour la rémission de nos péchés : En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés(1Jn 4,10).

Par obéissance et par amour, Jésus-Christ a accepté la condition humaine commune. Il est venu inaugurer une ère nouvelle : l’humanité a l’honneur d’accueillir son Dieu, la condition humaine a été investie par l’Esprit, l’homme pécheur a reçu la grâce.

Jésus Christ apporte une vie nouvelle en surabondance (Cf. Jn 10,10). En rendant à l’homme son statut d’enfant de Dieu, il exalte sa dignité. En lui donnant l’Esprit Saint, il le fait participer à la source même de la vie, à la source divine du bonheur et de la joie. C’est une vie donnée à profusion. C’est un bonheur débordant. C’est une joie toujours renouvelée.

2 – EN JÉSUS CHRIST

Réjouissez-vous, car c’est aujourd’hui que vient le Christ. Il est présent à chaque page de l’Ecriture. Il s’adresse à nous à travers les événements historiques. Il se rappelle à nous à travers nos frères vivant près de nous. Il murmure au plus profond de nous-mêmes.

Il vient à nous par l’Eglise qu’il a fondée. A travers elle, il prolonge sa présence pour nous sauver, nous dispenser ses soins, son enseignement et sa grâce.

Il est présent chez les humbles, les pauvres, les solitaires, les malades, chez ceux qui sont méprisés, exclus et vivent en marge de la société (Cf. Mt 25,40).

Plus particulièrement, il vient à nous par l’Eucharistie. A travers ce sacrement de l’amour, nous sommes en contact direct avec Lui. Car il y est véritablement présent pour s’offrir pour nous, pour nous manifester son amour si grand et si intense qu’il a sacrifié sa vie pour nous (Cf. Eph 5,12)

Durant l’année sainte, l’Eglise nous appelle à venir avec plus d’assiduité au sacrement de l’Eucharistie, a y venir puiser la vie spirituelle qui s’écoule du cour transpercé pour nous, une vie qui répandra en nos âmes une joie pure et une paix profonde. Nous viendrons y communier au Christ intimement et totalement. Nous serons en lui et Lui en nous. Cette communion nous apportera un bonheur sans limite mais en même temps nous appellera à entrer dans la passion du Christ pour la surmonter avec lui. Nous viendrons à l’Eucharistie pour y savourer son amour, un amour fait d’offrande de soi-même, de miséricorde, de service et de sacrifice total. Dans le sacrement de l’Eucharistie, nous puiserons la joie de cette offrande soi, pour ensuite, à notre tour, faire l’offrande de nous-mêmes à notre prochain.

Réjouissez-vous car Il viendra dans la gloire. Il est notre avenir, un avenir éclatant et assuré. Il est notre espérance, notre objectif. Notre salut atteindra en lui sa plénitude lorsque il ramènera toute chose sous sa seigneurie (Cf. Eph, 1,3-10).

3 – REPENTIR – ALLIANCE – RENOUVELLEMENT

Pour que notre âme accueille à profusion la grâce de Dieu durant l’année sainte, un certain nombre de préparations sont nécessaires.

La première d’entre elles est le repentir, car dans le passé, nous avons commis beaucoup de fautes : les fautes individuelles des croyants, des religieux, des prêtres, des évêques, les fautes collectives de l’Eglise, des diocèses, des paroisses, les fautes commises délibérément contre le Seigneur pour contrecarrer son dessein, les fautes d’indifférence qui ont fait de nous des obstacles à la grâce, qui nous ont fait manquer l’occasion de l’accueillir pour nous et pour tous nos frères.

Se repentir, c’est revenir vers le Seigneur, mais aussi vers ses frères. Nous devons nous réconcilier avec nos frères, car nous avons nous-mêmes contribué à faire naître l’injustice, la division, la discorde, nous avons poussé nos frères à s’écarter de Dieu et de l’Eglise. Cette réconciliation fraternelle est la condition de notre réconciliation avec Dieu (Cf. Mt 6, 14-15). C’est aussi le dernier souhait émis par le Christ avant de quitter ce monde (Cf. Jn 17,21).

Le repentir conduira au renouvellement de l’homme et de sa vie. Plus le repentir est profond, plus la rénovation qui s’en suit est intense. Hommes nouveaux, nous goûterons une joie entière dans l’attachement à Dieu, notre Père, et aux hommes, les enfants d’un même Père qui est aux cieux. Hommes nouveaux, nous serons délivrés du lourd fardeau du passé et sereinement passerons le seuil du nouveau millénaire. Hommes nouveaux, nous entrerons joyeusement dans une vie nouvelle, une vie sans cesse renouvelée par la grâce, par la charité fraternelle, dans la modestie, dans un esprit d’engagement et de service.

4 – LE PEUPLE DE DIEU FÊTE L’ANNÉE SAINTE

Réjouissez-vous, vous, les prêtres, les religieux et les séminaristes, réjouissez-vous! Vous avez spécialement été appelés par Dieu pour travailler dans le champ de la mission du troisième millénaire. Le Seigneur veut entamer ce nouveau millénaire par une année de grâces. Vous devez collaborer avec Lui en témoignant de son amour, un amour désintéressé, engagé, au service des autres et oublieux de soi-même. Allez sur tous les chemins apporter à tous la grâce de Dieu ! Soyez le levain enfoui dans le silence et le sacrifice qui transfigure la vie humaine ! Transformez le millénaire qui vient en une époque d’amour, d’union et de charité fraternelle !

Réjouissez-vous, vous, les personnes âgées, car, une fois de plus, vous allez avoir le bonheur d’accueillir la grâce que le Seigneur va vous accorder à profusion durant l’année sainte du Salut ! Une fois de plus, vous pourrez éprouver l’immensité de l’amour de Dieu. Le temps s’écoule rapidement, mais sans faillir le Seigneur nous soutient : Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais(Hb, 13,8). Entrez dans l’année sainte dans la joie et le courage, comme des témoins de l’amour fidèle de Dieu.

Réjouissez-vous, vous les pères de famille! Dieu vous a donné de pouvoir refléter son visage en ce monde. Dieu est un Père miséricordieux qui a voulu accorder à ses enfants une multitude de grâces durant cette année 2000. Aidez vos enfants à accueillir celles-ci et avec patience conduisez-les vers le nouveau millénaire dans la reconnaissance de leur Père des cieux et dans la foi en Lui.

Réjouissez-vous, vous les mères ! Car le Seigneur se sert de vous comme de témoins de l’amour qu’il porte au genre humain. Votre cour maternel, votre tendresse, votre patience et votre douceur a aidé des générations de jeunes à devenir des adultes vertueux. Dans la grâce de l’année sainte 2000, collaborez avec Dieu pour que, en ce nouveau millénaire, notre monde devienne un monde de l’amour, de l’humanité, de la bienveillance et du pardon.

Réjouissez-vous, vous les jeunes, et pénétrez pleins de confiance en ce nouveau millénaire. La grâce de l’année sainte embellira votre jeunesse. Le Christ est votre jeunesse. Venez à lui pour qu’il vous transforme. Ouvrez lui vos âmes et faites-vous attentifs à ses paroles. Ouvrez lui largement vos coeurs pour qu’il y répande un amour intense, un amour qui sait pardonner et se mettre au service des autres en s’oubliant soi-même. Avec cet amour renouvelé dans le Christ, entrez courageusement dans l’an 2000 pour donner au monde un nouveau printemps, un printemps qui ne s’épuisera pas parce que toujours plein d’amour.

Réjouissez-vous, vous les enfants, car vous êtes de jeunes pousses plantées dans un nouveau millénaire ! Venez accueillir l’amour et la grâce qui vous sont spécialement destinés par Dieu en cette année sainte. Plongez-vous dans la grâce, enfouissez-vous dans l’amour de Dieu. Soyez assidu à l’étude et formez-vous à la vertu afin d’être semblables à l’enfant Jésus qui grandissait en âge et en vertu devant Dieu et devant les hommes (Cf. Lc, 2, 52). Ainsi vous pourrez contribuer à l’édification d’une société plus belle dans les mille ans qui viennent.

Réjouissez-vous, vous tous qui souffrez et peinez, vous qui êtes en proie à la tristesse et à l’abandon, car vous êtes le reflet du Christ dans sa passion ! Vos souffrances, vous les porterez en union avec celles que le Christ a subi pour le salut du monde. Vos prières sont particulièrement efficaces pour attirer la grâce de Dieu sur tous les hommes et vos sacrifices apportent une contribution positive à la mission de l’Eglise. C’est vous qui êtes les destinataires des grâces de l’année sainte, comme il est dit dans l’Ecriture : L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur(Lc 4, 18-19)

5 – LOUANGE ET ACTION DE GRÂCE

Dans un esprit de reconnaissance, nous bénissons et acclamons le Seigneur pour toutes les merveilles qu’il a réalisées pour nous. Il a envoyé Jésus Christ vers l’humanité, il l’a ressuscité d’entre les morts. Nous le louons et l’acclamons car nous sommes nous-mêmes des merveilles réalisées par Lui, puisqu’il ne cesse de nous renouveler, en particulier, en répandant sur nous les grâces de l’année sainte du salut.

6 – LA MISSION

Dans la joie d’être aimés et sauvés, faisons-nous les témoins de l’amour de Dieu.

Portons la Bonne nouvelle aux pauvres, portons l’espérance à ceux qui ont perdu l’espoir, la foi à ceux qui ne croient pas encore, la joie à ceux qui sont en proie à la tristesse et au malheur, l’amour à ceux qui sont exclus, la réconciliation à ceux qui se haïssent, la libération aux opprimés, le respect à ceux qui sont l’objet du dédain, et le salut à tous les hommes !

7 – LA PRATIQUE

D’habitude, lorsque l’on évoque l’année sainte, on pense aussitôt à l’indulgence plénière. En réalité, celle-ci n’est qu’une des composantes de l’année sainte. Selon les dispositions du Saint-Siège, pour obtenir l’indulgence plénière, il faut être lavé du péché ; en particulier, il faut adopter une attitude sans ambiguïté vis à vis de tout ce qui nous attache au péché. C’est pourquoi, il faut recevoir le sacrement de réconciliation. On peut se confesser un mois avant le jour de réception de l’indulgence. Cependant le jour même, il faut communier et prier aux intentions du pape en témoignage de notre communion à l’Eglise.

Telles sont les conditions générales pour obtenir l’indulgence plénière. Cependant il faut aussi accomplir d’autres ouvres indiquées par l’Eglise. Le 29 novembre, le Saint-Siège a publié un certain nombre d’activités dont l’accomplissement peut aider dans l’obtention de l’indulgence plénière durant l’année sainte.

1 – Le pèlerinage (Visite d’une église ou d’un lieu indiqué à l’avance)

Si les fidèles visitent une cathédrale, une église ou encore un lieu désigné par l’ordinaire du lieu, il y participeront pieusement à la messe ou à une célébration liturgique, ou encore ils y accompliront une activité vertueuse (chemin de croix, salut du Saint Sacrement, chapelet, prières) et ils termineront leur visite par un Notre Pèreun Je vous salue Marieou une prière d’offrande à la Vierge, un “Je crois en Dieuou une autre profession de foi orthodoxe. Si un empêchement inévitable ne permet pas l’accomplissement de ce pèlerinage, celui-ci pourra être remplacé par la visite d’une chapelle ou d’une église de la région.

2 – Ouvres charitables et apostoliques

La visite de personnes pauvres et démunies, des malades, des prisonniers, des personnes âgées, des infirmes est une visite au Seigneur lui-même (Cf. Mt 25, 34-36). Cela peut être réalisé à n’importe quel moment et à chaque fois on peut obtenir une indulgence. Il faut cependant se souvenir que chaque jour, on ne peut gagner qu’une indulgence. Il convient de consacrer des indulgences pour les âmes du purgatoire. C’est une ouvre charitable qui plaît au Seigneur.

3 – Repentir et sacrifice

Le repentir et le sacrifice sont les pièces maîtresses de l’année de l’indulgence plénière. On pourra par exemple s’abstenir de choses non indispensables durant toute une journée, ou encore garder le jeûne selon la loi de l’Eglise.

– On pourra aussi se sacrifier en employant une somme d’argent pour aider les pauvres ou contribuer à une réalisation religieuse ou sociale.

– On peut aussi sacrifier de son temps à des activités utiles à la communauté.

Toutes ses activités nous aideront à obtenir l’indulgence plénière.

8 – SUIVRE L’EXEMPLE DE LA VIERGE MARIE

Réjouissezvous !” Cette salutation nous oriente vers la Vierge Marie comme vers l’exemple de l’accueil du Seigneur. Il y deux mille ans, la Vierge Marie s’est montré docile aux directives de l’Esprit Saint et s’est soumise à la volonté du Père. C’est pourquoi elle a a reçu la plénitude de la grâce et accueilli Jésus-Christ source de toute grâce. En entrant dans l’année sainte, sachons imiter son exemple, dans la communion intime à Jésus, la recherche de l’obéissance à la volonté du Père, l’illumination de l’Esprit Saint, afin de nous montrer dignes de recevoir les abondantes grâces dont Dieu veut nous faire don.

Que les saints martyrs du Vietnam nous aident à vivre dans sa plénitude cette année sainte du salut dans l’amour. Qu’il portent nos prières et nos actions méritoires jusqu’à Dieu.

Nous vous souhaitons, frères et sours de bénéficier en leur totalité des bienfaits de l’année sainte et de savoir les utiliser pour louer Dieu et servir l’humanité.

Nha Trang, le 16 octobre 1999

La Conférence épiscopale