Eglises d'Asie

Sur dénonciation de groupes hindouiste, la police arrête des chrétiens pour avoir participé à des conversions “forcées”

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Gujarat qui, l’année dernière, a connu le plus grand nombre d’exactions anti-chrétiennes de tout le pays, les groupes hindouistes militants ont repris les hostilités immédiatement après la victoire électorale de l’Alliance constituée autour du parti nationaliste hindou, le BJP, dont les candidats ont remporté 302 des 545 sièges du Lok Sabhat (chambre basse du parlement indien). Au cours d’une réunion organisée, le 8 octobre 1999, par l’Eglise de Philadelphie dans le district de Dahod, où la population est surtout composée d’ethnies minoritaires, une vingtaine de militants du Vishwa Hindu Parishad (VHP -Conseil mondial hindou) se sont introduits de force à l’intérieur de l’assemblée. Après s’être emparés du micro, ils ont lancé des acclamations à la divinité Rama. Puis, ils s’en sont pris aux 125 membres du personnel organisateur, ont détruit une partie de l’équipement et, en fin de compte, ont fait arrêter par la police, un certain nombre de chrétiens sous prétexte qu’ils étaient impliqués dans une tentative de conversion forcée de la population de la région.

L’arrestation de ces chrétiens a été motivée par une plainte d’un militant du Conseil mondial hindou, Hukumchand Biloria, qui est venu déclarer à la police que les missionnaires chrétiens avaient employé une propagande mensongère contre l’hindouisme et essayé d’attirer la population pauvre au christianisme en leur offrant des emplois et de l’argent. Sur la centaine de participants désignés au hasard à la police par les militants hindouistes, trois ont été présentés devant un tribunal local où ils ont fait valoir que leur prédication était purement religieuse et n’était offensante pour aucune autre religion. Ils ont aussi accusé les organisations hindoues de chercher à politiser l’affaire. Ils ont finalement été libérés sous caution.

Cette affaire est loin d’avoir surpris les chrétiens de l’Etat. L’un d’entre eux, P.T. Abraham, habitant de Gandhinagar, a fait remarquer : Nous savions à l’avance que la victoire électorale du BJP serait suivie d’un regain d’animosité contre nous, mais nous ne l’attendions pas si tôt“. Il a ajouté : Désormais personne ne pourra les arrêter, pas même le gouvernement. Le VHP est une organisation qui ne reçoit d’ordre de personneTrois jours après l’incident, Mgr Alan de Lastic, président de la Conférence épiscopale indienne, a envoyé une lettre à Atal Behari Vajpayee, le dirigeant du BJP qui, le 13 octobre, a repris, pour la troisième fois en trois ans, sa charge de premier ministre. La lettre avertissait le responsable politique indien qu’un certain nombre de groupes asociauxétaient prêts à recommencer leurs activités hostiles aux communautés chrétiennes dans l’Etat de Gujarat.

Joy Punnoose, responsable local de l’Eglise de Philadelphie, a fait remarquer que, dans ce district de Dahod, situé à la frontière du Madhya Pradesh, on ne comptait que 1 000 chrétiens et que la plupart des affaires soulevées contre eux étaient non seulement fabriquées de toutes pièces pour des raisons politiques mais, de plus, totalement absurdes. Dans une lettre envoyée aux autorités de l’Etat, le dirigeant chrétien a sollicité leur protection contre les militants du Conseil mondial hindou qui, a-t-il dit, sont repartis en guerre contre les chrétiens du Gujarat. Il est cependant sans illusion sur les éventuels résultats de sa requête : L’Etat ignore les chrétiens, a-t-il déclaré, personne ne nous écoute, pas plus l’administration, que la police ou une quelconque autre autorité