Eglises d'Asie

Le Conseil des Eglises respecte le fondateur mythique de la nation mais refuse d’en faire une idole

Publié le 18/03/2010




Les responsables de l’Eglise protestante, tout en reconnaissant que l’histoire de Tangun, le fondateur légendaire de la Corée, appartient à l’héritage du peuple coréen, sont totalement opposés à la tendance qui voudrait transformer ce héros national en idole. Dans une déclaration datée du 19 octobre, le Conseil national des Eglises de Corée présente cette histoire comme une combinaison de mythes et de réalités historiques, destinée à refléter “l’histoire d’un peuple” et à symboliser son identité et son indépendance. Dans un passé récent, les Eglises avaient paru vouloir rejeter l’existence même de Tangun pour mieux combattre la tentation d’idolâtrie et, de ce fait, avaient provoqué bien des incompréhensions. La déclaration revient sur cette première attitude. Elle note même que les colonisateurs japonais (1905-1945) avaient déjà essayé de réduire Tangun à une simple figure mythique pour mieux combattre les mouvements indépendantistes coréens. Par suite, l’attitude des Eglises, en l’absence de toutes recherches sérieuses, aurait pu être assimilée à de l’anti-nationalisme.

Les Eglises sud-coréennes éprouvent un réel intérêt pour l’histoire et considèrent les traditions relatives à Tangun comme une part importante du patrimoine spirituel du pays, mais non comme un mythe ou un objet de croyance appartenant au dogme d’une quelconque religion. Si l’historicité de Tangun était établie à partir de recherches objectives, son existence s’imposerait comme un objet de respectet renforcerait la fierté nationale, lit-on dans cette déclaration. Néanmoins, que son existence ait été réelle ou non, le Conseil a tenu à s’opposer à toute tendance idolâtriqueà son égard . Il a aussi recommandé de ne pas utiliser la figure de Tangun à des fins ultra-nationalistes.

La déclaration mentionne également une campagne lancée, au mois de mars dernier, par la Fédération Hanmunhwa (culture coréenne) en faveur de l’érection de statues de Tangun dans les écoles et les jardins publics. 300 écoles avaient accepté d’y participer. Le 5 juillet, les statues de trois écoles primaires et secondaires de Yoju, 80 km au sud-est de Séoul, avaient été décapitées. Ces actes de vandalisme, attribués à des chrétiens fanatiques, ont laissé craindre une montée du fondamentalisme chrétien et provoqué beaucoup de discussions. A ce sujet, le Révérend Kim Dong-wan, secrétaire général du Conseil des Eglises, écrit que cet engouement à ériger des statues de Tangun dans les écoles et les jardins publics ne contribue ni a établir l’historicité du héros, ni à l’éducation des jeunes générations. Le pasteur s’interroge sur les raisons de cette mode, note que les inscriptions qu’on lit au pied de ces statues ne peuvent pas être confirmées par les historiens, en particulier, celles qui s’inspirent des textes sacrés d’une religion qui vénère Tangun comme un dieu. Selon le pasteur, on devrait retirer toutes ces représentations de l’ancêtre national, qui ne sont pas seulement des manifestations de l’idéal national, comme peuvent l’être les figures des autres héros de l’histoire coréenne, portées à la connaissance des élèves pendant leurs études.

D’après le mouvement Hanmunhwa, Tangun, en tant que fondateur du royaume de Chosun qui , par la suite, devait s’approprier toute la Chine du nord-est, est le vrai fondateur de la Corée. Selon des sources littéraires dont les plus anciennes datent du 13ème siècle, le fils unique de l’Origine première“, fasciné par le monde des humains, aurait reçu un signe de son père et serait descendu s’asseoir au pied d’un arbre au sommet d’une montagne. Devenu l’empereur Kôo, c’est de son union avec une divinité ours que naquit Tangun. C’est lui qui aurait fondé Chosun (Matin calme) le 3 octobre 2333 avant J.C. et y aurait régné 1 000 ans. La Corée du sud célèbre le 3 octobre par un jour de congé. Quant à la Corée du nord, communiste, elle conserve le nom de Chosuncomme nom officiel et affirme avoir découvert la tombe et les restes de Tangun à Pyongyang en 1993.