Eglises d'Asie

Les religions reconnues et non reconnues participent à la mobilisation en faveur des sinistrés des récentes inondations

Publié le 18/03/2010




La pluie a cessé et depuis le 8 novembre, les eaux se sont retirées des terres, villes et villages pour regagner le lit désormais tranquille de la rivière des parfums et des autres cours d’eau du Centre-Vietnam, d’où elles avaient brusquement débordé la semaine précédente. L’heure est maintenant aux premiers secours et aux premiers bilans du désastre.

Les inondations ont étendu leurs dévastations sur les sept provinces du centre et tout particulièrement sur la province de Thua Thiên-Huê, où même certains précieux monuments de l’ancienne capitale impériale ont été très sérieusement endommagés. Selon les communiqués officiels les plus récents, le nombre de morts dans cette province s’est élevé à 339. On y compte également 71 disparus. Mais le reste de la région déplore aussi de nombreuses victimes. Il y a eu 41 morts et 8 disparus dans le Quang Tri, 13 morts et deux disparus dans le Quang Binh, 32 morts et 5 blessés à Da Nang, 50 morts dans le Quang Nam, 26 morts, 5 blessés et 12 disparus dans le Quang Ngai, 16 morts et 3 blessés dans le Binh Dinh, 5 morts, 2 blessés et un disparu dans la province du Phu Yên. Au total, les communiqués du 11 novembre faisaient état de plus de 600 morts.

Mais c’est la totalité des 7 millions d’habitants de la région du Centre-Vietnam qui ont été affectés par les inondations. Les autorités dressent chaque jour des listes minutieuses, mais sans doute peu précises des pertes matérielles : plus de 600 000 habitations, 5 700 classes, 1 746 hôpitaux et dispensaires, 63 226 hectares de rizière, etc. Elles donnent cependant une idée de l’étendue des dégâts. Il faut remonter 40 ans en arrière pour trouver des inondations d’une telle ampleur.

C’est aussi l’heure de l’appel à la mobilisation, appel auquel se sont mêlées les voix des grandes religions qui, en cette occasion, se sont comportées en véritables représentants de la société civile, reprenant ainsi un rôle qui a été longtemps le leur au sein de la société vietnamienne. Du côté catholique, on s’est adressé évidemment aux fidèles du pays, mais aussi et surtout à la diaspora dispersée dans le monde entier dont les liens avec le pays sont, grâce aux télécopieurs et à internet, de plus en plus étroits. Dès le 7 novembre, on pouvait consulter sur certains sites d’internet, l’appel de la Conférence épiscopale signé de son président. Le cardinal Phan Dinh Tung en appelait à la générosité des Vietnamiens du pays et de l’étranger. Il sollicitait l’aide des grandes organisations caritatives internationales, comme Misereor, Caritas, le Secours Catholique, etc. Le lendemain, c’était au tour de l’archevêque de Huê, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, dont le diocèse est situé dans la région la plus touchée par le fléau. Il sollicitait l’aide de tous pour les terribles destructions subies par ses compatriotes. Par ailleurs, aidés des autres diocèses du pays, le diocèse de Huê prend une part active aux secours mis en place dans toute la région. On apprenait récemment que le pape Jean Paul II avait envoyé un message de condoléances aux famille des victimes du fléau et d’encouragement à tous ceux qui essaient aujourd’hui de venir en aide aux familles affectées.

La première voix à se faire entendre, dès le 4 novembre, a été celle du bouddhisme unifiée du Vietnam, dont les adeptes refusent de reconnaître le contrôle que le Front Patriotique veut exercer sur les affaires bouddhistes. Le vénérable Thich Quang Dô dans un communiqué connu d’abord à l’étranger (13) s’est adressé à la totalité des religieux, religieuses et des laïcs bouddhistes“. Il les presse de mettre en ouvre l’esprit de miséricorde de Bouddha. A cause de l’interdiction gouvernementale qui frappe les activités de cette Eglise, celle-ci ne peut prendre la tête d’un mouvement officiel de solidarité avec les sinistrés. C’est pourquoi la plus haute autorité du bouddhisme unifié appelle les fidèles du Sakyamuni à collaborer aux initiatives de toutes formes destinées à secourir les sinistrés.

Le 5 novembre, un appel conjugué signé de Lê Quang Liêm, ancien chef de l’Eglise bouddhiste Hoa Hao et par le P. Chan Tin, le rédemptoriste bien connu, avait été adressé aux grands organismes internationaux et aux Vietnamiens de la diaspora à qui était cité le proverbe vietnamien, lorsque coule le même sang, les entrailles s’attendrissentIls sont incités à venir en aide à la population du Centre-Vietnam. Est même indiquée l’adresse du siège de l’Eglise bouddhiste Hoa Hao aux Etats-unis où l’on peut envoyer les dons.