Eglises d'Asie

Nagpur : à la lumière des récentes violences anti-chrétiennes, des missionnaires réfléchissent sur l’évangélisation

Publié le 18/03/2010




A Nagpur, lieu de naissance et place-forte de l’organisation nationaliste hindoue Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS – Corps national des volontaires), une convention a réuni 31 évêques, 88 prêtres, 62 religieux et 36 laïcs, revendiquant tous le titre de missionnaires. Du 18 au 19 octobre, ils ont poursuivi ensemble une réflexion qui se voulait en même temps une “introspection” sur l’idée de mission dans le contexte des récentes attaques contre les missionnaires et de la mise en cause de l’idée d’évangélisation par certains groupes fondamentalistes hindous. Les sentiments provenant du contexte local, exacerbés encore par l’approche de la visite pontificale, ont, sans doute, donné une dimension plus humaine et quelquefois tragique aux discussions menées durant la convention de Nagpur.

Les participants ont principalement essayé d’approfondir et de déterminer l’idée de conversion, que leurs adversaires qualifient régulièrement de forcéeLe communiqué final a rappelé que seul Dieu convertit et que le seul devoir du missionnaire est d’évangéliser. Auparavant, les missionnaires avaient souligné que la presse et les médias indiens entretiennent confusion et fausse interprétation au sujet de ce dernier terme. L’évangélisation, en effet, est habituellement comprise comme une méthode pour attirer de nouveaux adhérents. Les participants de la convention préfèrent une autre définition de l’évangélisation qui l’identifie à la promotion du mieux être de l’humanité et à une lutte contre tout ce qui s’y oppose. Dans la perspective de cette évangélisation totale, les missionnaires sont invités à collaborer avec tous ceux qui travaillent à créer une communauté harmonieuse et contribuent au développement humain. Le communiqué final a donc appelé les missionnaires à s’engager dans le développement intégral de l’homme, et à le faire avec courage, allusion à la situation qu’affrontent aujourd’hui les missionnaires catholiques en cette région de l’Inde.

Dans le cadre de la campagne menée contre l’évangélisation par les groupes hindouistes extrémistes, la convention a souligné la nécessité de recueillir des données précises sur la mission et le christianisme en Inde, pour que puisse être estimé avec précision l’impact de l’évangélisation en Inde. On a rappelé à ce sujet que ce sont les jésuites qui ont introduit le christianisme dans cette région de l’Inde en 1580 à la cour du grand Moghol Abkar. Depuis cette époque, dans le nord et le centre de l’Inde, la communauté chrétienne n’a jamais dépassé 1 % de la population.

Des notes négatives se sont cependant glissées dans cette révision de l’action missionnaire et de l’évangélisation. On a relevé que certains missionnaires ont créé des problèmes à cause de leur manque de connaissances et leur absence de sensibilité concernant les autres religions. C’est une des raisons pour lesquelles l’Eglise est encore considérée comme étrangère en Inde. Cette image devrait être renouvelée par un effort accru d’inculturation. Les participants ont tous souligné la nécessité actuelle de la tolérance et du respect des autres religions. Le dialogue doit devenir une façon de vivre, a-t-on entendu de la bouche des participants, surtout lorsque certains groupes antichrétiens soutiennent la doctrine d’une seule nation, une seule religion, une seule culture“.